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Monde: Près de 40 000 Haïtiens effectuent leurs études en République Dominicaine

SANTO DOMINGO – L’Observatoire binational sur la migration, l’éducation, l’environnement et le commerce (OBMEC) a présenté vendredi son premier rapport d’étude sur la thématique migratoire haïtiano-dominicaine. Ce rapport fait état de près de 40 000 Haïtiens qui effectuent leurs études en terre voisine. Par ricochet, l’économie haïtienne perd par année (transferts d’argent pour payer la scolarité de ces étudiants) plus de 220 millions de dollars américains.

De novembre à janvier, les chercheurs haïtiens, en l’occurrence Sabine Manigat, Jean-Marie Théodat et Colette Lespinasse, et les chercheurs dominicains Brigdet Wooding et Wilfredo Lozano ont épluché des documents, mené des enquêtes en Haïti et en terre voisine dans l’optique d’effectuer un diagnostic de la nouvelle tendance de la migration haïtiano-dominicaine.

Vendredi, à l’Université épiscopale d’Haïti, les chercheurs haïtiens ont présenté les résultats de cette étude qui vise à contribuer à l’amélioration de la qualité des décisions autour du dossier de la migration haïtienne en République dominicaine grâce à une meilleure connaissance des caractéristiques générales de cette migration en Haïti et en République dominicaine.

Selon les données recueillies, le profil des migrants haïtiens a changé comparativement à des décennies. « Aujourd’hui, le migrant haïtien n’est plus le bracero. C’est un jeune intellectuel, un jeune chercheur en quête de connaissance. Une femme éduquée, un homme instruit qui partent en quête d’un mieux-être », a détaillé le professeur Jean-Marie Théodat.

Il ajoute pour expliquer que « nous avons davantage de citadins qu’il y ait de paysans. Autrefois, c’étaient des paysans armés de leurs machettes qui allaient couper la canne à sucre. Aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas. C’est de moins en moins un homme et de plus en plus une femme. Naguère, c’était un départ massif, aujourd’hui, c’est un départ individuel. Autrefois, c’était un départ sous une forme informelle, aujourd‘hui, les gens sont de plus en plus documentés. Les migrants sont de plus en plus cultivés, éduqués ».

Selon les résultats de l’enquête, on dénombre pas moins de 20 000 à 40 000 Haïtiens qui étudient dans les universités dominicaines. « Il y a davantage d’étudiants haïtiens en République dominicaine que dans toutes les entités de l’Université d’État d’Haïti réunies », a fait remarquer Jean-Marie Théodat. Mais il ne s’agit pas que de cela. Pour l’entretien des étudiants, les familles dépensent une fortune.

« Les transferts effectués par les familles haïtiennes pour payer la scolarité de ces étudiants s’élèvent à près de 220 millions de dollars américains par an. L’équivalent de ce qu’a coûté la construction du Campus Henry Christophe de l’Université d’État d’Haïti à Limonade (CHCL) est dépensé chaque année par Haïti pour payer la scolarité de ces enfants en terre voisine», a souligné l’ancien président du conseil d’administration de ladite université.

Par ailleurs, les chercheurs notent que 90% des étrangers vivant en République dominicaine sont des Haïtiens. Plus d’un Haïtien sur trois habite la zone métropolitaine. Le plus grand marché de l’emploi dans le bâtiment et les travaux publics en particulier, secteur en plein essor depuis que la capitale dominicaine s’est lancée dans le processus de métropolisation qui y a multiplié les grands chantiers de tous ordres.

Le Cibao Norte et la Yuma concentrent presque autant d’Haïtiens résidents que la région métropolitaine. Les chercheurs notent un double glissement de la main-d’œuvre haïtienne des bateys sucriers vers les nouveaux moteurs de l’économie dominicaine : les plantations d’agrumes, de riz et de fruits pour l’exportation d’un côté et les complexes touristiques hôteliers du Sud-Est de l’autre.

Mais la première zone de concentration de l’immigration haïtienne se trouve dans le Nord-Ouest du territoire dominicain. Ce qui s’explique d’un côté par la proximité de la frontière et de l’autre par l’existence d’une zone agro-industrielle dynamique qui attire de la main-d’œuvre bon marché.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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