Décès

Monde: La reine de la soul, Aretha Franklin, n’est plus

Un monument de la musique n’est plus. La chanteuse américaine Aretha Franklin est morte jeudi à l’âge de 76 ans.

« Dans l’un des moments les plus sombres de nos vies, nous ne sommes pas en mesure de trouver les mots appropriés pour exprimer la peine qui déchire nos cœurs », témoignent les proches de la légende de la chanson américaine dans un texte transmis par son agente de longue date, Gwendolyn Quinn.

« Nous avons perdu la matriarche et le roc de notre famille. L’amour qu’elle avait pour ses enfants, ses petits-enfants, ses nièces, ses neveux et ses cousins était illimité », poursuit le texte.

La famille se dit « très touchée par l’incroyable effusion d’amour et de soutien » qui a suivi, lundi, l’annonce de la dégradation de son état de santé. Plusieurs grandes vedettes ont alors fait part de leur émotion.

L’artiste, à qui un cancer avait été diagnostiqué en 2010, recevait depuis plus d’une semaine des soins palliatifs à son domicile de Détroit.

Reine incontestée de la soul, Aretha Franklin était l’une des plus grandes voix américaines et une figure emblématique de la communauté noire, qui a marqué des générations entières d’artistes.

Respect, hymne pour l’égalité

Elle restera l’interprète inoubliable de Respect, devenu l’un des hymnes des mouvements pour l’égalité des droits des Noirs et des femmes dans les années 1960.

Le tube composé par Otis Redding lui offrira, en 1967, les deux premiers de ses 18 Grammy Awards en carrière.

Reconnaissable entre mille, sa voix sensuelle et puissante couvrant quatre octaves a influencé de nombreuses divas américaines : de Whitney Houston à Beyoncé en passant par Mariah Carey, Lauryn Hill et Alicia Keys.

Née le 25 mars 1942 à Memphis, dans le Tennessee, Aretha Louise Franklin était la fille d’un prêcheur baptiste et d’une chanteuse de gospel.

La maison de Détroit, dans le Michigan, où la famille emménage tôt dans sa vie, accueille des musiciens renommés comme Mahalia Jackson, mais aussi le pasteur Martin Luther King, emblème du mouvement des droits civiques. Enfant, elle apprend seule le piano et chante à l’église.

Elle perd sa mère Barbara Franklin à 10 ans, accouche de son premier fils à 13 ans, du deuxième à 15, et les élève seule, aidée de sa grand-mère.

À 14 ans, elle enregistre son premier titre et sa voix, riche et puissante, est déjà celle d’une adulte. Sa carrière est lancée.
Elle signe en 1960 avec la maison de disques Columbia, mais ne connaît véritablement la gloire qu’avec son premier album pour Atlantic, en 1967, I Never Loved a Man (The Way I Love You).

Les tubes s’enchaînent : Baby I Love You, (You Make Me Feel) Like a Natural Woman, Chain of Fools et Think.

Si une chanson parle de quelque chose que j’ai vécu ou qui aurait pu m’arriver, c’est bien. Mais si elle m’est étrangère, je ne pourrais rien lui prêter. Parce que c’est ça, la soul, juste vivre et réussir à se débrouiller.

Aretha Franklin au magazine Time en 1968
La même année, elle chante à l’enterrement de Martin Luther King, ami personnel de son père dont la mort a bouleversé l’Amérique, et à la convention du parti démocrate.

En 1972, elle sort Amazing Grace, un album gospel, et les succès continuent de s’accumuler au fil des années, même si les critiques jugent sa carrière moins flamboyante. On la voit à l’affiche du film The Blues Brothers en 1979.

Ses deux mariages sont des échecs, et elle connaît des problèmes d’alcoolisme. Son père, victime des balles d’un cambrioleur en 1979, tombe dans le coma et meurt plusieurs années plus tard.

La voix résiste, et Aretha Franklin continue à faire de la musique, entourée de ses quatre fils. En 1987, elle devient la première femme à être intronisée au Temple de la renommée du rock and roll.

Elle enchaîne les collaborations, avec George Michael, Elton John, Ray Charles, Whitney Houston ou encore avec la nouvelle génération de stars noires de la musique: P. Diddy, Lauryn Hill et Mary J. Blige…. Tandis que la star engrange les succès, la femme est marquée par les épreuves.

J’ai appris beaucoup de choses à la dure.
Aretha Franklin

En 2005, elle reçoit du président George W. Bush la médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un civil. En janvier 2009, elle chante pour l’investiture de Barack Obama, premier président noir des États-Unis, impériale sous un chapeau gris, lors d’une cérémonie chargée d’émotions.

En février 2017, malgré de graves problèmes de santé, elle annonce l’enregistrement d’un dernier album avant de mettre un terme à sa carrière en studio.

Je me sens très très satisfaite quand je vois où ma carrière a commencé et où j’en suis à présent. Mais je ne vais pas m’en aller et juste m’asseoir sans rien faire. Ce ne serait pas souhaitable non plus.
Aretha Franklin

En novembre 2017, elle chantait encore au gala d’anniversaire de la fondation Elton John de lutte contre le sida à New York, mais était apparue très amaigrie.

Elle avait annulé au printemps une série de concerts, dont l’un prévu le jour de son anniversaire, pour des raisons de santé.

 

Les grandes dates de la vie d’Aretha Franklin
25 mars 1942 : naissance à Memphis, au Tennessee.
1956 : sort son premier album, The Gospel Soul of Aretha Franklin.
1967 : remporte son premier prix Grammy pour la chanson Respect.
1968 : chante Precious Lord, Take My Hand aux funérailles de Martin Luther King Jr.
1977 : interprète God Bless America à la cérémonie d’investiture de Jimmy Carter. Elle chantera également à celles des présidents démocrates Bill Clinton (1993) et Barack Obama (2009).
1987 : devient la première femme à rentrer au Temple de la renommée du rock and roll.
1991 : reçoit le prix Grammy Legend pour son influence sur l’industrie musicale américaine.
2005 : reçoit la médaille présidentielle de la Liberté, plus haute récompense civile américaine.
2017 : annonce en février sa prochaine retraite après l’enregistrement prévu d’un dernier album. En novembre, elle chante au gala d’anniversaire de la fondation Elton John de lutte contre le sida, où elle apparaît très amaigrie.

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Source/Radio-Canada
Photo/Archives
www.anmwe.com

 

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