Haiti

Monde: Des congressmen américains demandent au président Biden de lâcher Ariel Henry

WASHINGTON, DC – Sept membres du Congrès des Etats-Unis, « profondément préoccupés par la crise actuelle en Haïti », ont « demandé » au président Joe Biden de retirer son soutien au Premier ministre de facto Ariel Henry et de permettre au peuple haïtien, via un consensus large, de « créer une transition démocratique dirigée par la société civile », dans une lettre datée du 17 mars dont le journal Le Nouvelliste a obtenu copie.

« Nous demandons humblement à votre administration de permettre au peuple haïtien de déterminer son propre destin politique et de retirer son soutien au gouvernement de facto », peut-on lire dans cette correspondance qui se fend d’une exhortation au président démocrate. Nous exhortons votre administration à permettre au peuple haïtien de déterminer son destin politique en soutenant le consensus entre les acteurs politiques, la société civile, les secteurs religieux et privés pour créer une transition démocratique dirigée par la société civile », ont soutenu les signataires.

« Cependant, ont fait remarquer ces parlementaires américains, toute mesure prise pour mener à une telle transition a des chances limitées de succès si les États-Unis continuent à soutenir le gouvernement de facto du Dr Ariel Henry ». Les sept parlementaires ont plus loin affirmé qu’Ariel Henry « n’a aucun intérêt à négocier de bonne foi alors qu’il bénéficie du soutien inconditionnel des États-Unis ».

Les signataires de cette lettre ont mis en avant le besoin de rupture avec certains aspects de la politique américaine ayant eu des effets néfastes pour Haïti. « Il ne fait aucun doute que certains aspects de la politique américaine à l’égard d’Haïti ont miné le développement, la paix et la sécurité du pays. Cependant, ont soutenu ces élus, nous avons la possibilité de réparer nos erreurs passées et de soutenir le peuple haïtien pour mettre son pays sur la voie d’une véritable démocratie ». « Le moment est venu », ont-ils estimé, soulignant au passage qu’il y a un « nombre croissant » d’acteurs de la société civile, du secteur privé, et d’organisations politiques « mobilisés pour offrir une voie plus représentative et inclusive afin de conduire Haïti vers la direction d’une démocratie durable ».

« Nous espérons que votre administration prendra des mesures significatives pour s’engager de manière substantielle avec ces groupes », peut-on lire dans cette lettre des congressmen, affirmant que le soutien de l’administration au Dr Henry « semble contradictoire avec l’objectif déclaré que les États-Unis ne feront pas pencher la balance de la politique haïtienne ».

Le PM Henry n’a pas la légitimité pour organiser des élections

« Le Dr Henry n’a pas la légitimité pour organiser des élections et n’a pas le consensus nécessaire pour galvaniser le peuple haïtien à se rendre aux urnes. La légitimité du Dr Henry vient de la communauté internationale, pas du peuple haïtien », ont soutenu ces élus américains.

Les élections sont nécessaires mais pas suffisantes pour apporter la stabilité

« En raison de l’ampleur des défis de l’insécurité en Haïti, il est impossible d’organiser des élections dans ce climat. En 2016, environ 21 % de la population votante a participé à l’élection présidentielle. Alors que les élections sont souvent un signe de démocratie, la tenue d’élections dans un climat où les citoyens ont peur de quitter leur domicile par crainte d’être kidnappés ou tués compromettrait gravement le processus électoral. Votre administration doit donc donner la priorité à la paix, à la sûreté et à la sécurité », peut-on lire dans cette lettre.

« Les élections sont nécessaires mais pas suffisantes pour apporter la stabilité dans le pays si les conditions optimales ne sont pas réunies et si le consensus entre les différents secteurs n’a pas été atteint », ont soutenu les signataires.

Assassinat du président Jovenel Moïse, l’enquête n’a pas progressé

« En outre, nous sommes profondément préoccupés par le fait que, sous le gouvernement Henry, l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, qui a eu lieu en juillet dernier, n’a guère progressé et que les personnes qui enquêtent sur cette affaire en Haïti ont fait l’objet de menaces et d’intimidations. Il est crucial que les auteurs intellectuels et les personnes directement impliquées dans l’assassinat du président Moïse soient tenus pour responsables afin de faire la lumière et d’aider au mieux Haïti à résoudre sa crise politique », selon la lettre de ces parlementaires qui demandent « instamment » au président Joe Biden « de prendre les mesures nécessaires » pour tenir le Congrès informé de l’enquête, d’examiner et de divulguer de manière approfondie tout rôle que des citoyens ou des organisations américaines auraient pu jouer dans l’assassinat, y compris tout individu ayant déjà travaillé comme informateur pour les États-Unis. » Les parlementaires Sheila Cherfilus-McCormick (FL-20) Member, Hakeem Jeffries (NY-8) Val Demings (FL-10), Dwight Evans (PA-3), Andy Levin (MI-9), Yvette Clarke (NY-9), Mondaire Jones (NY-17) et Ayanna Pressley (MA-7) sont les signataires de cette lettre dont copie conforme a eté envoyée au secretaire d’Etat Antony Blinken.

Dans un article du Miami Herald sur la loi de finances des États-Unis qui a consacré un chapitre à Haïti, le représentant du Michigan, Andy Levin, avait indiqué qu’il y a une impasse politique en Haïti. « Nous savons que la situation politique en Haïti est dans l’impasse, le dirigeant de facto Ariel Henry refusant de coopérer avec le processus de transition démocratique mené par la société civile », avait déclaré le représentant Andy Levin, D-Mich, en notant qu’il était heureux de voir la loi sur Haïti adoptée dans le cadre du paquet omnibus, en particulier parce qu’elle établit une ligne de base selon laquelle la politique américaine encourage “un dialogue politique large, inclusif et soutenu entre les différents acteurs en Haïti pour restaurer la légitimité et les institutions démocratiques en Haïti ».

Fervent partisan de l’accord de Montana, a écrit la journaliste Jacqueline Charles dans cet article, Andy Levin avait déclaré que “pour remplir ce nouveau mandat de la politique américaine, les responsables de l’administration Biden devraient retirer leur soutien à Henry et commencer à soutenir un chemin vers la démocratie véritablement inclusif et dirigé par Haïti”.

Selon Sheila Cherfilus-McCormick, l’un des sept signataires, interrogée par l’agence Reuters, a indiqué que pour endiguer l’augmentation de la migration haïtienne vers les États-Unis, il faudra se pencher sur la situation politique du pays, qui a été bouleversée par l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet dernier.

« Si nous examinons les raisons derrière (l’immigration), cela se résume vraiment à l’instabilité politique qui augmente la criminalité en Haïti », a-t-elle déclaré lors d’une interview téléphonique à Reuters.

Dans l’article du Miami Herald, Jacqueline Charles a indiqué que le département d’État, qui a eu plusieurs entretiens avec M. Henry et des dirigeants civiques au cours des dernières semaines, s’est défendu contre les critiques qui l’accusent de soutenir M. Henry plutôt que la société civile.

Le dernier rendez-vous entre des représentants de l’accord de Montana/Pen avec le PM Arien Henry et des signataire de l’accord du 11 septembre, mi-février, avait débouché sur un échec. Pour une question de ponctualité. Dans la presse, les deux camps se sont rejeté le blâme l’un sur l’autre.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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