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Haiti: L’inspecteur de police, Jean Elder Lundi « Madanm mwen kite m pou afè pa bon… »

PORT-AU-PRINCE – Il a intégré la Police nationale d’Haïti (PNH), dès les débuts, en 1995. L’inspecteur divisionnaire Jean Elder Lundi, coordonnateur du syndicat des policiers, dépeint un tableau plutôt sombre quant aux conditions de travail des agents des forces de l’ordre de cette institution dont la mission consiste à protéger et à servir la population haïtienne. « Je vous le dis, dès que quelqu’un se trouve à l’intérieur de cette police nationale d’Haïti, il est plongé dans un labyrinthe. La seule porte de sortie est sa démission, pour être ensuite confronté à toutes sortes de situations… », a indiqué l’inspecteur divisionnaire, jeudi 27 août 2020, sur le plateau de l’émission « Haïti, sa k ap kwit ? » diffusée sur la chaîne 20.

Sur les 14 900 agents qui forment la Police nationale d’Haïti (PNH), 200 sont inactifs (pour des situations de handicap, question de voyage d’études, etc.). Les 14700 agents actifs sont affectés aux différentes unités spéciales. Certains sont aussi affectés aux officiels de l’État notamment dans le cadre de leur déplacement. S’agissant de leur salaire, l’inspecteur Jean Elder Lundi révèle des chiffres. En dehors de leur carte de débit, le salaire net d’un agent I est d’environ 19 000 gourdes, celui de l’agent II, 21 000 gourdes, de l’agent III, 22 000 gourdes et de l’agent IV, 24 000 gourdes.

Le salaire net de l’inspecteur municipal est de 27 000 gourdes, celui de l’inspecteur principal est de 31 000 gourdes et de l’inspecteur divisionnaire, 35 000 gourdes. Le salaire net du commissaire municipal est de 38 000 gourdes, celui du commissaire principal est de 41 000 gourdes, alors que le commissionnaire divisionnaire gagne 46 000 gourdes, selon les révélations de l’inspecteur Lundi.

Pour le coordonnateur du syndicat, ces salaires ne permettent pas aux agents de l’ordre de répondre à leurs besoins dans un pays où il est difficile de vivre décemment, à un moment où le coût de la vie ne fait que s’accroître. « C’est ce qui ce qui justifie, entre autres, la formation du syndicat au sein de la police. C’est le seul moyen de faire entendre notre voix… », soutient l’inspecteur Jean-Elder Lundi qui a lui-même fait les frais de cette situation. « Je suis une victime. Ma femme m’a quitté pour mes conditions économiques exécrables. Je ne peux pas le cacher. J’étais arrivé à un moment où je ne pouvais plus payer mon loyer… », témoigne le policier.

L’inspecteur Jean Elder Lundi pose le problème de l’absence du plan de carrière pour les agents de la PNH. Selon le policier, les dirigeants du pays n’accordent pas de l’importance au sort de ses frères d’armes. Il évoque aussi le problème d’assurance, d’accès à un hôpital pour les policiers, de prise en charge des policiers décédés et de leurs familles. Pour le syndicaliste, ces revendications ne sont pas satisfaites. À ce sujet, le responsable fustige le comportement de l’actuel directeur général de la PNH jouant la sourde oreille face à leurs revendications. « Depuis quelque temps, Normil Rameau ne nous écoute pas vraiment. Il ne veut pas travailler avec nous, à tel point qu’il a créé un autre syndicat parallèle… », dénonce l’inspecteur qui continue de sonner l’alarme en vue d’améliorer les conditions de vie des agents des forces de l’ordre.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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