Haiti

Haïti: Le pays risque de sombrer une nouvelle fois dans un vide de pouvoir le 7 février

PORT-AU-PRINCE – Haïti risque de sombrer une nouvelle fois dans un vide de pouvoir samedi soir si les responsables politiques ne parviennent pas à s’entendre après le report sine die du second tour de la présidentielle.

La Constitution prévoit le départ de Michel Martelly de son poste de chef de l’État le 7 février, mais, son successeur n’ayant pas pu être élu, le pouvoir présidentiel sera de facto vacant à compter de ce dimanche matin. Annulé en raison des violences qui ont émaillé la semaine précédant le vote du 24 janvier, le second tour de la présidentielle n’a aussi pas pu se tenir à cause des contestations de l’opposition.

Le fiasco d’une élection à candidat unique évité, Haïti reste néanmoins en proie à une crise politique majeure, car la constitution du pays ne prévoit pas ce cas de figure. « La Constitution ne prévoit rien pour un intérim où il n’y aurait plus de président et pas de successeur après la date du 7 février. C’est le vide constitutionnel », explique Georges Michel, historien et constitutionnaliste.

Pas de consensus

Sans boussole légale, une solution politique doit être tirée des négociations en cours entre le pouvoir exécutif, le Parlement, les partis et la société civile, mais chacun suggère son scénario de sortie de crise sans, pour l’heure, parvenir à un consensus.

« La Constitution a prévu qu’en cas de vacance de la présidence au cours de la quatrième année de mandat, c’est l’Assemblée nationale qui élit un président, explique Jocelerme Privert, le président du Sénat. Dans ce cas précis, le vide arrive à la fin du mandat, mais c’est l’Assemblée nationale qui doit trouver un moyen de combler le vide, selon l’esprit de la constitution. »
S’inspirer de la « loi mère », en fonction de leurs intérêts, plutôt que l’appliquer à la lettre est une habitude des responsables politiques du pays. Le proverbe haïtien « la Constitution est en papier, les baïonnettes sont en acier » garde encore son sens, 30 après la fin de la dictature des Duvalier.

Prolongation ?

Prolonger le mandat de Michel Martelly au-delà du 7 février est par ailleurs un scénario porté par certains partisans de l’actuel président qui reste encore lui-même ambigu sur son départ effectif du pouvoir dimanche.

« La Constitution demande au président d’assurer la continuité de l’État et de garantir la bonne marche des institutions. Ce n’est pas un choix, mais un devoir que j’ai. Je ne pourrai pas partir le 7 février en laissant le pays dans l’incertitude », a déclaré Michel Martelly la semaine dernière lors de l’inauguration de bâtiments publics à Cité soleil.

Ce maintien au pouvoir est plébiscité par les sympathisants du parti PHTK (Parti haïtien tet kalé) qui ont manifesté lundi et mardi dans la capitale. « Le président ne doit partir et laisser le chaos, défend Cheney Robéus, il doit rester jusqu’au 14 mai. »

Les pro-gouvernementaux justifient leur position en rappelant que Michel Martelly a débuté son mandat le 14 mai 2011 et qu’il achèverait donc cinq pleines années au pouvoir dans trois mois.

Le défi institutionnel

Qu’une équipe intérimaire soit nommée ou que l’actuel président reste en poste, le défi pour Haïti passe par l’organisation rapide d’élections et la tâche est immense. Le conseil électoral provisoire doit être recomposé à la suite des démissions successives de six de ses neuf membres, dont son président. Or il avait fallu plus de deux ans à la classe politique pour s’entendre sur la formation de cette administration en charge de l’organisation des scrutins.

L’argent est l’autre handicap à la tenue prochaine d’élections : le processus électoral, encore inachevé, a déjà coûté 100 millions de dollars, majoritairement financés par la communauté internationale.

La perspective d’un vide du pouvoir sur le long terme est une nouvelle difficulté pour la faible économie du pays le plus pauvre de la Caraïbe. En refroidissant les intentions de potentiels investisseurs, cette instabilité politique aggrave encore l’inflation qui pénalise en premier ordre les 60 % d’Haïtiens vivant sous le seuil de pauvreté.

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Source/Le Devoir
Photo/Archives
www.anmwe.com

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