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Haiti: Kenneth Merten «Les Etats-Unis n’ont aucun problème avec la Commission de vérification»

PORT-AU-PRINCE – Conformément à l’accord qui l’a porté au pouvoir, le 14 février 2016, le président Jocelerme Privert était censé céder sa place à un président élu le 14 mai à la suite de la tenue du second tour de la présidentielle fin avril. Le Washington Post, dans un article paru mercredi dernier, souhaite à ses lecteurs la bienvenue dans la démocratie non-fonctionnelle d’Haïti, où peu de gens pensent qu’il y aura des élections de sitôt.

Kenneth Merten, coordonnateur spécial du Département d’Etat américain pour Haïti
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« Nous ne pouvons pas aller aux urnes sans restaurer préalablement la confiance dans le processus », a déclaré Privert, repris par le journal américain, qui propose désormais la tenue du second tour de la présidentielle et des législatives en octobre ainsi que le scrutin déjà prévu pour renouveler un tiers des sièges du Sénat.

Les législateurs partisans du PHTK réclament la démission de Privert, l’accusant de mettre en place des obstacles afin qu’il puisse se maintenir au pouvoir. Le parti rose attise les manifestations de rue car il s’oppose à la Commission de vérification.

Intervenant dans le programme « Radyo sou Televizyon » présenté par le service créole de la Voix de l’Amérique, le coordonnateur spécial du département d’Etat américain pour Haïti, Kenneth Merten, a fait savoir que le président provisoire poursuit le même but que lui qui est l’achèvement du processus électoral le plus vite possible.

« Je vois en Jocelerme Privert un homme de bonne foi qui travaille dur afin de finaliser le processus électoral le plus vite possible », a affirmé le diplomate américain, qui croit que les manifestations de rue et les problèmes disparaitront à l’avènement d’un président élu par le peuple. « Pour qu’il y ait stabilité en Haïti, nous devons compléter les élections de 2015 », a-t-il martelé.

Kenneth Merten, qui s’était rendu en Haïti la semaine dernière, à l’invitation du président Privert, précise-t-il, pour venir discuter avec lui et certains autres acteurs politiques, a fait savoir que l’installation de la commission de vérification ne lui posait aucun problème.

« Avant même mon départ, nous savions que la Commission de vérification et d’évaluation allait devenir réalité. Nous ne connaissions pas la date exacte au cours de laquelle ils allaient l’annoncer », a-t-il déclaré. Avant de poursuivre : « Je tiens à souligner pour la énième fois que les Etats-Unis n’ont rien contre la Commission de vérification. »

L’ancien ambassadeur américain en Haïti a par ailleurs exprimé ses craintes quant à la possibilité que des gens essayent de manipuler la commission pour donner des résultats qui ne sont pas les vrais. Il a ainsi exhorté les commissaires à faire leur travail en toute transparence. S’il concède volontiers qu’il y a eu des irrégularités lors des scrutins de 2015, il a tenu à souligner que jusqu’à présent personne n’est en mesure de prouver qu’il y a eu fraudes en faveur d’un candidat en particulier.

Laurent Dubois, un historien haïtien à l’Université Duke, a déclaré au Washington Post que les reports et les accusations de fraudes électorales sont une partie cohérente du processus électoral d’Haïti depuis le renversement du dictateur Jean-Claude Duvalier en 1986. Selon lui, ils faisaient aussi partie du processus politique d’avant, y compris pendant l’occupation américaine de 1915 à 1934. « Une grande partie de ce qui se passe aujourd’hui n’est pas si différent des cycles électoraux précédents », a déclaré Dubois, auteur de l’ouvrage « Haïti: Les répliques de l’histoire. »

Kenneth Merten a ensuite indiqué que les Etats-Unis veulent continuer à financer les élections en Haïti mais qu’ils ne voient pas d’un bon œil l’idée de financer une élection à cinq candidats. « Je ne vois pas comment je pourrais expliquer cela au Département d’Etat et au Congrès », a-t-il souligné tout en précisant avoir entendu cette proposition lors de son dernier voyage au pays. D’après ce que j’ai pu lire, poursuit-il, la Constitution haïtienne stipule que le second tour de l’élection présidentielle doit se décider entre deux candidats.

« Nous ne pouvons pas accorder notre support à n’importe quoi, a-t-il pourfendu. Nous devons entrevoir des solutions tracées dans la Constitution haïtienne. » Tout en se mettant d’accord avec le sénateur Stevens Benoît sur le fait qu’il revient aux Haïtiens de décider quand réaliser les élections, le coordonnateur spécial du Département d’Etat pour Haïti reconnaît que le travail du président Privert est un travail difficile. « Mais c’est lui le signataire de l’accord », rappelle le diplomate, lucide, soulignant que les Etats-Unis ont toujours supporté l’Accord du 5 février.

« C’est évident que nous n’aurons pas un nouveau président élu le 14 mai », concède Kenneth Merten, qui préconise dans ce cas une feuille de route montrant clairement le chemin des élections dans un délai assez court. « Si nous ne voyons pas de feuille de route, si nous voyons des suggestions qui ne sont pas constitutionnelles, alors cela nous cause des problèmes », a fait savoir l’ancien ambassadeur américain.

Rejetant les accusations d’ingérence, Merten a déclaré que la communauté internationale veut simplement un gouvernement élu en place qui reflète la volonté des électeurs plutôt qu’un président choisi par les politiciens. La Commission de vérification de cinq membres a été installée la semaine dernière et dispose de 30 jours pour évaluer la légitimité des résultats officiels. Entre-temps, le Conseil électoral provisoire (CEP) remanié annonce qu’il publiera un nouveau calendrier électoral au plus tard d’ici la fin du mois de mai.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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