ÎLE À VACHE – Six ans après le séisme qui frappa Haïti le 12 janvier 2010, Caterina Clerici et Kim Wall, deux journalistes indépendantes, rédactrice et photographe, ont visité le pays le temps de quatre chapitres géographiques et thématiques, afin de comprendre comment le tourisme peut définitivement transformer le pays – pour le meilleur ou pour le pire. Ce projet a été financé par le European Journalism Center, aux Pays-Bas.
Ile-à-Vache est un véritable cliché caribéen : c’est une île ponctuée de chaumières couleur pastel qui s’étend en forme de goutte sur 13 kilomètres de long, dotée d’une vingtaine de plages et de collines où paissent chèvres et vaches. Sa lagune est bordée de l’une des plus grandes forêts de mangrove d’Haïti, et les eaux du rivages sont jalonnées d’épaves, de récifs coralliens et de rumeurs de trésors engloutis: il y a plusieurs siècles, ce lieu servait de base aux expéditions d’un pirate, le capitaine Henry Morgan, et il n’a pas tellement changé depuis.
«C’est la dernière île intouchée des Caraïbes», se rengorge Geronimo Ruiz, promoteur dominicain engagé par le gouvernement haïtien pour en transformer définitivement le visage. Le nouvel aéroport fracasse la beauté brute d’Ile-à-Vache comme une plaie béante. Pour l’instant la piste n’est qu’en gravier, et elle a déjà été réduite plusieurs fois, mais si le tourisme doit décoller à Haïti c’est ici qu’il commencera; après un trajet en avion jusqu’à une île magique suffisamment détachée des stigmates de l’île principale.
Ici, la diaspora pourra se faire construire des résidences secondaires pour se réinstaller dans son pays natal «loin du tumulte», comme le précise un mémo du ministère du Tourisme. «Dans un monde où un milliard de personnes sont officiellement devenues des touristes, il est de plus en plus rare de trouver un lieu que le temps paraît ne pas avoir touché – surtout au milieu des Caraïbes» précise la version anglaise du mémo qui donne un aperçu de ses ambitions: 2 500 chambres, un parcours de golf de 18 trous, des héliports et des boîtes de nuit- un projet à 260 millions de dollars généreusement alimenté par des investisseurs chinois et des fonds obscurs issus du pétrole vénézuélien.
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Source/Journal Libération
Photo/Archives
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