Haiti

Haiti: Augmentation significative de la Covid-19 en huit jours, de 151 à 456 cas confirmés

PORT-AU-PRINCE – Avec 98 nouveaux cas confirmés annoncés le 16 mai 2020 par le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), Haïti vit une augmentation significative de la Covid-19. En huit jours, 8 au 16 mai, le pays est passé de 151 cas confirmés officiellement à 456 cas confirmés. Dans les quartiers populaires, les gens préfèrent parler d’épidémie de fièvre au lieu de reconnaître que le coronavirus est parmi nous. Pour le Dr Pavel Desrosiers, directeur exécutif de l’Unité de contrôle des maladies infectieuses et transmissibles au MSPP, il n’y a qu’une seule épidémie dans le pays: la Covid-19.

Fièvre, courbatures, maux de tête, toux, asthenie… Depuis une semaine, beaucoup se plaignent de ces signes et de ces symptômes. S’agit-il d’une symptomatologie isolée ou des manifestations cliniques de la Covid-19? Le Dr Pavel Desrosiers, directeur exécutif de l’Unité de contrôle des maladies infectieuses et transmissibles au MSPP, fait le point sur cette situation ambiguë qui risque de créer plus de confusion autour de cette pandémie.

En Haïti, les maladies infectieuses font partie des premières causes de consultation. Qu’il s’agit des infections respiratoires, des infections urinaires ou d’une maladie endémique comme la malaria, le pays faisait face, avant la Covid-19, à des maladies infectieuses et transmissibles qu’il ne faut pas perdre de vue dans ce contexte de pandémie. “Dans l’absolu, les maladies infectieuses ont les mêmes signes généraux. La fièvre, la courbature, les maux de tête traduisent généralement la réaction de l’organisme face à un agent pathogène, notamment en cas d’infection”, précise le Dr Pavel Desrosiers.

Avant la Covid-19, les gens ne se rendaient pas systématiquement dans un centre hospitalier pour une fièvre ou un syndrome grippal. Il’y a la médecine traditionnelle, les méthodes “grand-mère”, sans oublier les 35% de la population qui n’ont pas accès aux soins de santé, analyse le directeur exécutif de l’unité de contrôle des maladies infectieuses et transmissibles.

S’il est indéniable que la fièvre, la courbature et les autres signes existaient bien avant la Covid-19, il n’en demeure pas moins vrai que dans ce contexte précis aucune autre épidémie qui serait à l’origine d’une telle symptomatologie n’a été répertoriée à l’unité de contrôle des maladies infectieuses et transmissibles, a fait savoir le Dr Pavel Desrosiers.

“Au premier trimestre de l’année, il y avait une épidémie de fièvre liée à la malaria, mais cette épidémie était circonscrite aux départements du Sud, de la Grand-Anse et, à un niveau moindre, dans l’Ouest”, note le Dr Pavel Desrosiers qui pense que pour l’instant, compte tenu des prévisions, la Covid-19 bât son plein en Haïti et toute épidémie de fièvre pourrait être liée au pic de la pandémie.

Plus loin, le professeur à l’université d’État d’Haïti conseille à tous ceux qui auraient ressenti des signes et des symptômes comme la fièvre, la courbature, la diarrhée inexpliquée, la migraine (maux de tête), de ne pas se contenter du diagnostic d’un proche ou des gens de la population, mais de se rendre dans un centre hospitalier ou d’appeler aux numéros communiqués par le ministère de la santé publique et de la population.

Inutile de chercher midi à quatorze, tranche le Dr Pavel Desrosiers, nous sommes dans une phase de transmission locale. Le pic de la pandémie risque de déboucher sur une catastrophe.”Seul le confinement peut nous aider à eviter le pire”, affirme le responsable de l’unité de contrôle des maladies infectieuses et transmissibles du MSPP.

Sans se montrer insensible face à la réalité de ceux qui vivent au jour le jour, il pense qu’il faut étudier la possibilité de confiner tout le pays complètement durant les 2 ou 3 semaines à venir. “Je signe et persiste que la prévention est la meilleure arme que nous avons. A ce titre, le confinement est le moyen le plus sûr pour aplanir la courbe de la pandémie. Nous sommes au début d’une montée en flèche, si on ne fait rien, on risque de s’engouffrer dans le pire scénario de la catastrophe annoncée”, prévient le Dr Pavel Desrosiers.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives/Miami Herald
www.anmwe.com

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