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Canada: La face cachée de la République Dominicaine

MONTREAL, QC – Après l’hiver que nous avons connu au Québec, plusieurs rêvent de s’envoler au chaud. La République dominicaine est une destination soleil populaire auprès des Québécois, qui représentent 50% des touristes qui visitent ce pays.

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L’équipe de J.E. fait découvrir vendredi l’envers de la carte postale dominicaine.

Située au cœur des Antilles, la République dominicaine est réputée pour la beauté de ses plages, mais à quelques kilomètres des hôtels de luxe et de leurs formules tout inclus se cachent les esclaves des temps modernes.

Un jugement qui dérange

Le 26 septembre dernier, les autorités dominicaines ont retiré la nationalité à des milliers de descendants haïtiens. On estime qu’entre 250 000 et 450 000 personnes sont touchées par l’arrêt TC/0168/13 de la Cour constitutionnelle dominicaine. Ils n’existent plus ni aux yeux d’Haïti ni à ceux de la République dominicaine: ils sont apatrides.

Sans documents officiels pour prouver leur identité, ces «illégaux», comme les appellent les Dominicains, sont susceptibles de se faire expulser du pays à tout moment.

«Aller en Haïti, c’est comme aller dans un autre pays, je ne sais pas où aller, je ne connais pas la culture et j’ignore qui va me recevoir», a raconté en espagnol Epiphania une mère de famille de 32 ans. Elle et sa fille sont touchées par le jugement puisque la loi est rétroactive depuis 1929. Toutes deux sont pourtant nées en République dominicaine.

Drames humains

L’équipe de J.E. s’est rendue dans les bateys, ces campements souvent insalubres où vivent les coupeurs de cannes et leur famille. Ces habitations où s’entassent souvent des dizaines d’enfants avec leurs parents sont louées par les propriétaires de la plantation.

Être apatride, ça ne signifie pas seulement être sans statut légal, c’est aussi être sans recours et n’avoir aucun droit à l’éducation, à un logement décent et aux soins de santé. Lors du tournage en République dominicaine l’équipe a été témoin d’une scène de désolation sans pareille. «Il s’est cassé le bras en jouant», a expliqué en espagnol une jeune mère de famille de 26 ans, qui habite dans un campement au beau milieu d’un champ de canne à sucre. Erickson souffre depuis un mois. Sa mère refuse d’aller à l’hôpital dans les grands centres, car elle a peur de se faire arrêter par les autorités.

Des familles décimées

La crainte de se faire expulser du pays force cette famille, comme des centaines d’autres, à se cacher dans les bateys. En novembre dernier, 200 Haïtiens ont été renvoyés en Haïti en laissant derrière eux le peu qu’ils possédaient, même leur famille. «On les a entassés dans un camion et transportés en Haïti», a raconté Jackson Chianti, un Haïtien qui milite pour la reconnaissance des droits de ses pairs.

«Quand les autorités expulsent les Haïtiens, elles ne tiennent pas compte de ce qui reste derrière, ajoute M. Chianti. Le peu de bien matériel, l’argent qui est dû et, pire, la famille. L’important, c’est de les renvoyer en Haïti.»

Racisme

Jusqu’à la Constitution de 2010, le droit du sol était en vigueur dans ce pays qui accueille depuis près de cent ans des travailleurs haïtiens. Un accord a même été conclu entre les deux pays pour faciliter l’entrée au pays de la main-d’œuvre haïtienne, qui est peu coûteuse.

Aujourd’hui encore, les Haïtiens affluent pour trouver du travail. «J’ai quitté Haïti parce que je ne pouvais pas me nourrir. Je voulais avoir un meilleur avenir, mais depuis que je suis ici je suis encore plus dans la misère», a témoigné un coupeur de canne à sucre

Appel au boycott

En décembre 2013, des représentants de la communauté haïtienne ont manifesté à l’aéroport de Montréal. Vêtus de simples costumes de bain pour illustrer les touristes ils clamaient: «Boycottons la République dominicaine!»

Les Haïtiens sans papiers rencontrés par l’équipe de J.E. demandent aussi aux touristes québécois d’opter pour une autre destination afin de faire pression sur le gouvernement: «C’est comme le Venezuela qui menace de ne plus exporter d’essence si les autorités ne nous redonnent pas nos papiers», a expliqué Rousseau Pier.

Pendant qu’il espère que la pression internationale fera plier le gouvernement dominicain, les autorités haïtiennes envisagent de mettre en place une structure permettant d’identifier les Haïtiens en situation irrégulière en République dominicaine.

Au moins trois rencontres entre les représentants des deux pays ont eu lieu depuis le début de l’année dont la plus récente le 27 février, jour de fête nationale en République dominicaine.

Source/J.E./TVA Nouvelles

Photos/Archives

www.anmwe.com

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