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Monde: Le premier duel Trump-Biden entre insultes et chaos

CLEVELAND, OH – Des insultes, des attaques personnelles, des interruptions, des rappels à l’ordre du président Donald Trump par le modérateur : ceux qui s’attendaient à un débat chaotique ont été servis lors de la première de trois joutes oratoires prévues entre les deux candidats à la présidence, mardi.

Dans une année marquée entre autres par une pandémie qui a tué plus de 205 000 Américains et fait perdre leur emploi à des millions d’autres, par des manifestations contre la brutalité policière et la justice raciale de grande ampleur et par un décès venu modifier l’équilibre de la Cour suprême, les thèmes sur lesquels débattre ne manquaient pas.

Les échanges entre les deux septuagénaires s’annonçaient musclés, mais l’intensité de l’exercice et les interruptions constantes de Donald Trump ont souvent éclipsé les enjeux.

Accident de train, désastre total, honte, merdier, pire débat présidentiel de l’histoire américaine : le verdict de commentateurs de plusieurs médias à l’issue du débat de 90 minutes qui se déroulait à Cleveland, en Ohio, étaient sans appel.

Monsieur le président, s’il vous plaît, arrêtez, Monsieur le président, laissez-le terminer, Monsieur le président, pouvez-vous le laisser finir? : dépassé et souvent exaspéré, le modérateur Chris Wallace n’a pas réussi à maintenir l’ordre sur la scène, intervenant à répétition pour que celui-ci laisse répondre son adversaire démocrate.

Le chef d’antenne de Fox News, qu’a souvent critiqué le président, s’était pourtant attiré des louanges pour son entrevue avec le président, dont il avait confronté plusieurs affirmations, en juillet dernier.

Je suis le modérateur de ce débat et j’aimerais que vous me laissiez poser mes questions, a-t-il éventuellement lancé à un Donald Trump qui lui a reproché d’être contre lui : Je suis en train de débattre avec vous, mais je m’y attendais.

Votre équipe a accepté les règles, a rappelé Chris Walace vers la fin du débat, demandant au président s’il allait les suivre.

Les échanges ont aussi apporté leur lot d’insultes, Donald Trump ridiculisant par exemple la grandeur du masque que porte son rival en public ou encore la taille de ses rassemblements.

Au cours d’un échange pendant lequel Joe Biden disait que davantage d’Américains mourraient si le président n’agissait pas plus intelligemment plus rapidement, le président a contre-attaqué.

As-tu utilisé le mot “intelligent”? […] N’utilise jamais le mot “intelligent” avec moi. Parce que tu sais quoi? Il n’y a rien d’intelligent chez toi.

Donald Trump
L’ancien vice-président a lui aussi dérogé aux règles de la bienséance. Il est difficile de placer un mot avec ce clown, je veux dire cette personne, a-t-il laissé tomber, lui demandant même à deux reprises : Vas-tu te taire?

D’une durée de 90 minutes, sans pause, la joute oratoire était composée de segments de 15 minutes articulés autour de six thèmes : le bilan du président Trump et celui de l’ex-vice-président Joe Biden, la COVID-19, l’économie, la question raciale et la violence dans nos villes, la Cour suprême et l’intégrité de l’élection.

L’enquête explosive du New York Times sur la situation fiscale de Donald Trump, publiée il y a deux jours, s’est aussi invitée dans le débat. Le quotidien a révélé que le républicain, seul candidat à la présidence à ne pas avoir rendues publiques ses déclarations de revenus en quatre décennies, n’avait versé au fisc que 750 dollars américains en 2016 et la même somme en 2017. Selon l’article du New York Times, il n’a en outre rien versé au cours de 10 des 15 années précédant son accession à la Maison-Blanche.

La Maison-Blanche a nié ces révélations.

Quelques heures avant le débat, Joe Biden a pour sa part rendu publiques ses déclarations de revenus de 2019. Lui et sa femme ont payé près de 300 000 dollars américains d’impôts.

Le camp Trump crie faussement à la tricherie
Le président Trump insiste depuis des mois sur le supposé déclin cognitif de Joe Biden qui le rend, affirme-t-il, inapte à devenir président.

Après avoir involontairement diminué les attentes envers l’ancien vice-président, la campagne de réélection de Donald Trump a passé les dernières semaines à l’accuser, sans preuves, de tricherie.

Depuis quelques semaines, Donald Trump affirme que son adversaire démocrate prend des drogues pour améliorer ses performances. Comme il l’avait fait avant son dernier duel avec Hillary Clinton, il a même réclamé que son adversaire et lui se soumettent à un test de dépistage avant le débat.

Pendant la journée, le camp Trump a de plus repris une théorie du complot circulant sur des sites de droite selon laquelle Joe Biden avait refusé une inspection auriculaire parce qu’il entendait recourir à une oreillette grâce à laquelle il se ferait souffler les réponses.

Au cours des derniers jours, le président Trump a déclaré que le débat serait injuste, affirmant, sur les ondes de la radio de Fox News, que Chris Wallace lui réserverait les questions les plus difficiles et poserait à son rival démocrate des questions plus faciles.

Sa campagne avait déjà prétendu que certains des modérateurs des débats étaient des adversaires évidents du président Trump qui agiraient pour Joe Biden comme des coéquipiers cherchant à l’aider à excuser le programme radical de gauche qu’il veut mettre en place.

Source/Radio-Canada
Photo/Radio-Canada
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