Haiti

Haïti: Réginald Boulos «Nous n’avions pas réussi à faire partir le président, nous avions échoué»

PORT-AU-PRINCE – Ayant été très impliqué dans les mouvements de mobilisation visant à forcer le président Jovenel Moïse à la démission au cours de l’année 2019, le chef de file du Mouvement de la troisième voie (MTV) Réginald Boulos a changé de stratégie. L’homme d’affaires a admis que les manifestations et les mouvements de « peyi lòk » n’ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés. « Le MTV avait participé très fortement aux mobilisations de l’année dernière. Si nous avions réussi à forcer le président Jovenel Moïse à partir, nous aurions été des idoles, des héros. Étant donné que nous n’avons pas réussi, nous devons accepter que nous avions échoué », a avoué Réginald Boulos à l’émission Panel Magik vendredi matin.

Réginald Boulos n’entend pas reproduire la même stratégie. « C’est pourquoi nous sommes venus avec une nouvelle stratégie qui vise toujours à contraindre le départ du président Jovenel Moïse en 2021». S’asseoir autour d’une table de négociations. Voilà la nouvelle stratégie que veut adopter Réginald Boulos. « Les rapports de force veulent dire chaos, la négociation empêche le chaos », a-t-il lancé pour justifier sa nouvelle façon de voir les choses. Pour le leader du MTV, nous n’avons pas intérêt à aller vers le chaos. Le patron de Délimart, qui est resté cependant accroché à l’idée que le mandat du président Jovenel Moïse arrivera à terme le 7 février 2021, a confié avoir déjà écrit aux responsables de la Conférence épiscopale d’Haïti qui ont exprimé leur intention de jouer le rôle de médiateur dans les négociations entre les acteurs politiques pour leur dire que le MTV est disposé à prendre part à ces négociations. « Nous n’avons d’autre choix que de nous réunir autour d’une table de négociation », a insisté Réginald Boulos, qui ne croit pas que le président Jovenel Moïse pourra organiser des élections en 2021.

Réginald Boulos précise par ailleurs qu’il ne va pas pour autant participer seul à des négociations « fo mamit », ni des négociations « anba tab ». « Nous n’irons pas aux négociations si nous n’arrivons pas à convaincre nos amis de l’opposition », a rassuré l’homme d’affaires, qui en a profité pour dire à ses amis qu’ils ont « l’obligation de se mettre d’accord sur une formule de négociation et de sortie de crise ». Il appelle la CEH à prendre des dispositions afin que de véritables représentants du pouvoir en place participent à ces négociations.

S’il s’est dit disposé à abandonner les mouvements de mobilisation au profit des négociations, Réginald Boulos a quand même posé certaines conditions. Parmi ses exigences figure le retrait de certains décrets, dont celui sur le Renforcement de la sécurité publique, celui créant l’Agence nationale d’intelligence (ANI), ainsi que celui portant sur la création du CEP qui a également pour mission de doter le pays d’une nouvelle constitution. « Nous allons sur la table de négociations mais nous n’allons rien dire aussi longtemps que ces décrets ne soient pas rapportés », a prévenu Réginald Boulos.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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