Economy

Haiti: Le budget 2019-2020 finalement adopté en Conseil des ministres

PORT-AU-PRINCE – En absence de Parlement, le budget 2019-2020 a été adopté en Conseil des ministres le vendredi 5 juin 2020, a appris Le Nouvelliste. D’un montant total de 198,7 milliards de gourdes, ce « budget exceptionnel […] intervient, après neuf mois d’exécution de la Loi de Finances rectificative 2017-2018 reconduite, dans un contexte politique, social et économique difficile, exacerbé par la crise sanitaire liée à la pandémie COVID-19 », suivant ce qui est inscrit dans l’exposé des motifs du budget général de l’exercice fiscal 2019-2020.

Le budget de l’exercice fiscal 2019-2020 s’équilibre en ressources et en charges à 198,7 milliards de gourdes, en hausse de 36,4% par rapport au budget rectificatif 2017-2018 reconduit en 2018-2019 qui s’élevait à 145,6 milliards de gourdes, soit une augmentation de 53 milliards de gourdes.

Si 89,3 milliards de gourdes de ressources internes sont mobilisées dans le cadre du budget 2019-2020, les partenaires extérieurs vont contribuer à hauteur de 37 milliards de gourdes réparties en 17,9 milliards de gourdes d’appuis budgétaires et de 19,1 milliards de gourdes au titre de dons et emprunts projets. Ces ressources comprennent également 72 milliards de gourdes provenant notamment des émissions de titres publics (25,7 milliards de gourdes) et des emprunts auprès de la BRH (30 milliards de gourdes).

Au niveau des allocations, c’est le ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) qui hérite de la part du lion avec une enveloppe de 26 milliards de gourdes soit 13,1% du budget. Le deuxième poste du budget va à la rubrique dotations spéciales (subvention au secteur de l’énergie) avec 25,6 milliards de gourdes (12,9%) allouées. C’est la première fois que le gouvernement inclue dans le budget l’ensemble de ses engagements financiers incontournables (subventions à l’Électricité d’Haïti et des produits pétroliers).

« Ce choix, qui s’inscrit en pleine cohérence avec la discipline et la transparence budgétaires, fait passer ainsi le déficit public (hors appuis budgétaires et dons) de 3,5% du PIB en 2018-2019 à 6,2% en 2019-2020 », explique le document de l’exposé des motifs du budget précisant que cette décision gouvernementale s’appuie sur les recommandations des institutions de Bretton Woods.

Ensuite, viennent les interventions publiques avec 22,9 milliards de gourdes (11,6%). On retrouve le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) en quatrième position avec une allocation de 21,6 milliards de gourdes contre 5 milliards de gourdes prévues initialement. La dette publique suit avec 20 milliards de gourdes (10,1%) suivi par le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) avec 18,6 milliards de gourdes (9,4%).

Contre toute attente, le ministère de la Justice s’est vu attribuer 13,5 milliards de gourdes (6,8%) alors que le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) ne recueille que 6,7 milliards de gourdes (3,4%). Quand on sait que la crise sanitaire provoquée par la Covid-19 avait fait surgir un regain d’intérêt pour la production nationale agricole en prévision des retombées négatives sur le circuit d’approvisionnement de produits agricoles lié à l’importation.

Quoique caduc, le Parlement s’en tire avec 6 milliards de gourdes à raison de 3,1 milliards de gourdes pour la Chambre des députés et 2,9 milliards de gourdes pour le Sénat. Traité généralement en parent pauvre, le ministère de l’Environnement n’est doté que de 1,2 milliard de gourdes (0,6%).

Alors qu’il est écrit noir sur blanc dans l’exposé des motifs que le présent budget vise à jeter les bases pour une croissance robuste, soutenue et inclusive, on note un peu plus dans ce même document, « dans son ensemble, l’année fiscale 2019-2020 sera marquée par un recul de l’activité économique de 3,6%, après celui de 1,8% enregistré en 2018-2019 ; et une inflation de 22,6% en moyenne annuelle, soit 5,3 points au-dessus du niveau enregistré en 2018-2019 ».

« Compte tenu des séquelles des tumultes sociopolitiques en cascade qui ont affecté la première moitié de l’année fiscale et des préjudices inhérents à la pandémie de COVID-19 sur l’économie, la croissance économique ressortira à -3,6% ; sous l’effet notamment de l’effondrement du secteur agricole (-3,2%) et du secteur des services (-4,2%). »

Parallèlement, le taux de pression fiscale qui était de 10,9 connait une augmentation pour arriver à 11,6. En fait, cette augmentation du taux de pression fiscale ne traduit pas une augmentation des rentrées fiscales, mais relève de préférence d’un rétrécissement du Produit intérieur brut (PIB), puisque les recettes projetées connaissent une baisse par rapport à celles du budget 18-19.

Il est également prévu dans ce budget un creusement du déficit résultant de la baisse que subissent les recettes internes, notamment à cause des perturbations sociopolitiques enregistrées au cours du premier semestre de l’exercice fiscal en cours et des effets de la pandémie de COVID-19 sur l’activité économique. Ces deux crises, socio-politique et sanitaire, ont également contribué à l’augmentation des dépenses de l’Etat tant en fonctionnement qu’en investissement.

En effet, les dépenses liées au fonctionnement courant de l’administration, estimées à 30,9 milliards de gourdes, sont en hausse de 20,9% par rapport à l’exercice antérieur. Par ailleurs, les dépenses de subventions afficheront une importante hausse 24,6 milliards de gourdes, en raison principalement de l’inscription dans le budget de la totalité des dépenses de subvention à l’Electricité d’Haïti et des produits pétroliers à hauteur de 25,6 milliards de gourdes. Ainsi, au total, les dépenses de subvention sont prévues à hauteur de 38 milliards de gourdes.

S’agissant des dépenses d’investissements publics dans le budget de l’exercice fiscal 2019-2020, elles s’élèvent à 59,3 milliards de gourdes dont plus de 17 milliards de gourdes au titre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le service de la dette publique pour l’exercice fiscal est prévu à hauteur de 20 milliards de gourdes réparties de la manière suivante : 10,9 milliards de gourdes au titre de la dette interne et 9,1 milliards de gourdes de la dette externe.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

To Top