PORT-AU-PRINCE – La famine menace en Haïti. Selon l’Organisation des Nations unies, 800 000 personnes n’ont plus de quoi manger depuis le passage de l’ouragan Matthew. Malgré toute cette misère, ceux qui amassent des fonds pour Haïti ont du mal à trouver des donateurs.
Si les dons de sociétés ont aidé la Croix-Rouge à amasser 2,3 millions, pour les organisations CARE et Oxfam, ce n’est pas le pactole.
CARE ne cache pas sa déception d’avoir amassé moins de 50 000 $ jusqu’ici.
De son côté, Oxfam-Québec a réussi à amasser 80 000 $, indique Isabelle St-Germain, directrice, innovation et développement.
Vu l’ampleur du désastre, ne s’attendait-on pas à davantage ? Haïti pâtit-il de la très mauvaise coordination – voire la rivalité – entre les organisations non gouvernementales dans la foulée du tremblement de terre en 2010 ?
« Les ONG ont bien appris leur leçon, dit Mme St-Germain. Nous sommes beaucoup mieux coordonnées, cette fois. »
FAIBLE COUVERTURE MÉDIATIQUE
Chez CARE comme chez Oxfam, on ne croit pas que la difficulté à récolter des dons soit liée à la crainte des gens que l’argent ne soit pas utilisé à bon escient. Les deux organismes expliquent plutôt la chose par la faible couverture médiatique des lendemains de l’ouragan.
« Le risque est grand qu’il y ait famine, 35 centres de prévention du choléra ont été décimés et 80 % du sud d’Haïti – où se trouve l’essentiel des terres – a été décimé, résume Mme St-Germain. C’est sûr qu’on aimerait que les gens donnent plus, mais comme la crise s’étale dans le temps, il est plus difficile de mobiliser les gens. »
« Contrairement au tremblement de terre de 2010 ou à celui du Népal, les gens n’ont pas vu beaucoup d’images de la dévastation en Haïti, relève Sylvie Madely, vice-présidente aux collectes de fonds chez CARE. Les gens ne semblent pas au courant de l’ampleur de la catastrophe. »
Le fait que le drame haïtien soit survenu dans la même période que d’autres drames humanitaires – le tremblement de terre au Népal, la crise en Syrie, par exemple – et la dernière ligne droite de la campagne électorale américaine a pu détourner l’attention des donateurs, selon Mme Madely.
« L’HEURE EST GRAVE »
Pierre Toussaint, qui est professeur à l’UQAM et qui est Haïtien d’origine, encourage les gens à faire un don aux organismes établis en lesquels ils ont confiance. « On ne peut pas ne s’en remettre qu’à l’État haïtien. Les Haïtiens ont grand besoin d’être aidés par les ONG. L’heure est grave, on entend que 80 % de la ville de Jérémie a été rasée. »
Selon ce que rapportait lundi l’Agence France Presse, l’ONU a elle-même du mal à réunir auprès de ses États membres quelque 200 000 $ dont elle a besoin pour aider les familles des victimes de l’épidémie de choléra en Haïti.
Près de 800 cas de choléra ont été enregistrés en une semaine après l’ouragan Matthew, selon l’Organisation mondiale de la santé.
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Source/La Presse
Photo/Archives
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