Haiti

Des gens sous le contrôle du parquet libérés de force par le député Arnel Bélizaire

Port-au-Prince    « A la tête d’un commando lourdement armé, le député Arnel Bélizaire a fait irruption, mardi, au parquet de Port-au-Prince et est parti avec des agents de sécurité de l’ONA accusés de séquestration de personnes et d’association de malfaiteurs », a dénoncé le ministre de la Justice et de la Sécurité publique.

Arnel

Selon Me Jean Renel Sanon, ce sont des gens qui ont été appréhendés par le commissaire du gouvernement sous la prévention de séquestration de personnes, « d’ailleurs ils étaient armés », d’association de malfaiteurs. « Nous avons été étonnés de constater que le député Arnel Bélizaire, en violation de tous les principes de séparation des pouvoirs, a fait irruption au parquet et est parti avec toutes ces personnes », a expliqué, exaspéré, au Nouvelliste le ministre de la Justice joint au téléphone mardi soir.

« C’est grave, a-t-il fulminé. La démocratie est en danger, la justice est en péril. Il faut un cri collectif pour arrêter cette situation. Je dénonce cet acte avec véhémence », a déclaré le ministre. Me Sanon a souligné qu’ils ont dû faire appel à des unités spécialisées de la police nationale pour libérer des employés séquestrés à l’intérieur de l’ONA. « Nous allons faire ce que la loi nous recommande de faire. J’attends le rapport du commissaire du gouvernement pour que je porte le fait à l’attention du président de la Chambre des députés », a annoncé le ministre de la Justice.

Contacté par Le Nouvelliste, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Gérald D. Norgaisse, a souligné qu’il y avait une situation de tension à l’ONA durant la journée du mardi 25 mars. Selon lui, des agents de sécurité et certains employés de cette institution publique n’avaient pas voulu ouvrir la barrière principale qu’ils avaient fermée. « Arrivé sur les lieux, un juge de paix n’a pas pu tenir office, je ne sais pas pour quelle raison, il a dû rebrousser chemin. Nous avions l’obligation de rétablir la paix dans notre juridiction… », a-t-il expliqué.

Une fois arrivé sur place, Me Norgaisse, accompagné d’une unité spécialisée de la police nationale, a ouvert la barrière de force et pénétré dans l’enceinte de l’institution. Ils ont demandé aux employés de vider les lieux afin de reprendre le contrôle de la situation. « On a amené ensuite neuf agents de sécurité de l’ONA au parquet afin de les auditionner sur ce qui s’était passé », a-t-il dit, soulignant qu’il devait se déplacer pour apporter un rapport à ses supérieurs hiérarchiques en confiant la charge de ces agents à l’un de ses substituts.

C’est à ce moment, a-t-il dit, que le député Arnel Bélizaire, à la tête d’un commando lourdement armé, a fait irruption au parquet avant de partir avec les neuf agents de sécurité de l’ONA. « Le substitut et des policiers au parquet étaient impuissants face à la menace des hommes armés qui ont accompagné le député, a-t-il dénoncé. On n’a même pas pu écouter les agents de sécurité pour savoir ce qui s’était passé à l’ONA… »

Face à cette situation, le chef du parquet de Port-au-Prince a annoncé qu’ « on va prendre les mesures qu’il faut », sans vouloir donner plus de précisions sur ce qu’il compte faire en réaction. « Dans les prochaines heures, on saura quelles sont les dispositions qui seront prises par le parquet », a-t-il dit.

Contacté par Le Nouvelliste, le député Arnel Bélizaire, très remonté contre le journal, a déclaré qu’il a passé ces sept derniers mois à faire des choses positives et que Le Nouvelliste ne l’a jamais appelé. « Vous m’appelez aujourd’hui parce que mon nom est cité dans une chose négative. Cela fait sept mois que je vous ai parlé, entre-temps, j’ai fait beaucoup de choses positives », a-t-il reproché, ratant ainsi l’occasion de donner sa version des faits sur ce que lui reprochent les autorités judiciaires.

Tôt hier mardi, des employés de l’ONA ont organisé une manifestation et enchaîné la barrière principale de l’institution. Un mouvement de protestation contre leur directeur général, Bernard Desgraff, qui, selon eux, a procédé à la révocation arbitraire de 21 employés, et transféré certains autres dans des villes de province avec le même salaire pour le même poste en guise de punition.

Des unités spécialisées de la police nationale et le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince sont intervenus pour reprendre le contrôle de la situation. Environ neuf agents de sécurité de l’ONA ont été interpellés et conduits au parquet. Le député Arnel Bélizaire, « à la tête d’un commando armé, a fait irruption au parquet et est parti avec ces agents avant même qu’ils aient été entendus », selon les explications du commissaire du gouvernement.

Robenson Geffrard / Le Nouvelliste

Photo / Archives

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