Haiti

Monde: Joverlein Moïse lance une action judiciaire pour obtenir justice à la suite de la mort de son père

QUÉBEC, Canada – C’est à partir du Québec, épaulé par une équipe d’avocats, que l’un des enfants du défunt président d’Haïti Jovenel Moïse vient de lancer une action judiciaire pour obtenir justice à la suite de la mort de son père, assassiné par un commando le 7 juillet dernier.

« C’est d’abord le devoir d’un fils qui cherche des réponses sur son père, mais c’est aussi mon devoir de citoyen, qui a perdu son président désigné démocratiquement », a expliqué Joverlein Moïse, en entrevue avec La Presse vendredi.

L’entrepreneur de 29 ans, qui habite au Québec, a déposé une plainte mercredi dernier auprès du magistrat de Port-au-Prince qui enquête sur l’assassinat de son père. Avec ses avocats, il a demandé d’être reconnu comme partie civile dans ce dossier, comme le lui permet le système judiciaire haïtien.

Joverlein Moïse est représenté par l’avocat montréalais Philippe Larochelle, une connaissance de longue date, ainsi que par Me Patrice Florvilus, l’un des rares juristes à être à la fois membre du barreau au Québec et du barreau en Haïti. À Port-au-Prince, il compte aussi sur les services de l’avocat Dieunel Fleury Jean.

Autres démarches à venir
« Ce n’est que le début d’un ensemble de démarches judiciaires qui seront bientôt entreprises aux niveaux national et international afin que toute la lumière soit faite sur l’assassinat du père de notre client », affirment les trois avocats dans une déclaration écrite.

Les auteurs, coauteurs et complices de l’assassinat du président Jovenel Moïse doivent répondre de leurs actes. Ce, peu importe [où ils] se trouvent et quel que soit leur rang ou grade.

Les avocats représentant Joverlein Moïse, dans une déclaration écrite

Joverlein Moïse a fait ses études au cégep de Saint-Laurent, à Montréal, et a suivi des cours de mécanique automobile. Il dit être établi au Québec depuis 2012. Pendant le mandat de son père comme président, il faisait souvent le voyage entre le Canada et Haïti.

Le soir du 7 juillet, il était avec sa conjointe et sa fille dans une maison, à 15 minutes de la résidence présidentielle. Un commando est entré chez son père et l’a abattu. Le fils du président dit ne pas avoir pu se rendre sur le lieu de l’attaque, alors que la situation sécuritaire demeurait incertaine. Il a dû fuir avec le reste de sa famille vers les États-Unis, où sa mère a été soignée pour une blessure par balle. Il est ensuite rentré au Québec.

« C’était un réflexe naturel pour moi, je me sens chez moi. C’est une société égalitaire, assez équilibrée. Et j’aime les changements de saison. En Haïti, c’est l’été continuel, il n’y a pas de changements », explique Joverlein Moïse.

C’est d’ici qu’il a suivi les développements dans l’enquête sur la mort du président.

Une dimension internationale
Plusieurs suspects ont été arrêtés par la police haïtienne, notamment Christian Emmanuel Sanon, pasteur installé en Floride qui a déjà agi comme vice-président d’un organisme québécois international. M. Sanon est soupçonné d’avoir participé à l’embauche de mercenaires colombiens qui auraient donné l’assaut de la résidence présidentielle. La Presse a déjà révélé qu’il aurait utilisé sans leur autorisation le nom de plusieurs membres influents de la diaspora haïtienne à Montréal pour faire mousser sa propre candidature à la présidence. Un de ses anciens collaborateurs à Montréal est d’ailleurs soupçonné par la police haïtienne d’être mêlé à l’affaire.

Joverlein Moïse croit-il que certaines réponses sur la mort de son père se trouvent au Québec ? Il refuse d’aborder le sujet.

« Pour les questions judiciaires spécifiques, je vais réserver mes commentaires », dit-il.

« Mais si on regarde les personnes déjà arrêtées, elles sont de plusieurs nationalités. C’est pas mal international. On va voir à quoi l’enquête va aboutir », affirme-t-il.

Pas intéressé par un saut en politique
Il est bien conscient que l’opinion publique est divisée en Haïti et que le président Moïse ne faisait pas l’unanimité. Il était isolé d’une grande partie de la classe politique. De nombreuses manifestations avaient été organisées pour dénoncer ce que ses opposants et certaines ONG qualifiaient de dérive autoritaire. Les juges s’étaient mis en grève pour protester contre ses actions et le Parlement ne fonctionnait plus.

Mon père, comme tout président, avait ses partisans, mais il y avait aussi des gens qui étaient contre ses politiques. Quand vous faites certains gestes contre le statu quo, vous vous mettez parfois en danger.

Joverlein Moïse, fils du défunt président d’Haïti Jovenel Moïse

Le fils ne manifeste aucun désir de suivre les traces de son père en politique. « Je ne suis pas un homme politique. Je suis concentré sur la justice », dit-il en référence à sa plainte.

Source/La Presse
Photo/La Presse
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