Haiti

Haïti: Un accord politique est-il possible dans les conditions actuelles?

PORT-AU-PRINCE – Grande a été la stupéfaction des citoyens en apprenant la demande de Liné Balthazar, Président du Parti Haïtien tet Kale(PHTK) d’où est issu le chef de l’Etat, lui enjoignant de trouver un accord politique au lieu de tenter ce passage en force avec la montée de toute pièce de ce conseil électoral Provisoire sans base constitutionnelle et avec des représentants bidons sans légitimité.

Cette demande de Liné Balthazar a étonné plus d’un compte tenu que le Chef de l’Etat avait l’obligation minimale de consulter sa base avant toute décision surtout celle qui engage l’avenir de son parti après tant de fiasco et de promesses non tenues. Cette requête laisse présager deux choses : une rupture entre le chef de l’Etat et le Parti d’où il est issu ou bien il s’agit de l’amateurisme politique pur. Vu les nombreuses rumeurs qui couraient déjà les rues sur un éventuel désengagement de Jovenel Moïse du PHTK, on ne peut écarté ni le premier cas de figure ni le second car il n’est pas étonnant que la nouvelle de cette rupture se confirme et que l’on voit apparaître le vrai visage du Président au fur et à mesure que l’on avance vers les élections.

Mais, qu’est ce qui pourrait être à la base de cette rupture si elle se confirmerait ?

La réponse n’est pas simple à comprendre ni trop difficile à cerner. De Jean Bertrand Aristide à Michel Joseph Martelly, les exemples se sont multipliés. Le President Aristide a laissé le FNCD au profit de son propre parti Fanmi Lavalas plus tard, le Président Préval se faisait élire sous le parti Espoir pour créer plus tard le Parti vérité. Pas différent de Michel Martelly qui arrivé au pouvoir sous la bannière de “Repons Peyizan” pour ensuite rejoindre le PHTK.

Cela est devenu tout simplement une habitude et le Président qui ne rentre pas dans cette logique relève d’un miracle. Jovenel Moïse s’est fait de nouveaux alliés qu’il a lui même crée à partir de la base du PHTK en rejetant tout compris politique comme ce fut le cas pendant les quinze dernières années. Le chef de l’Etat va très vite en besogne car il sait qu’il ne fera que perdre son temps pour chercher un accord politique avec des secteurs qui ne réclament que sa démission.

Jovenel Moïse s’appuie sur le support de l’international notamment de Washington pour tenter d’organiser des élections bidons même s’il doit violer la constitution, tenter de la changer pour plaire à ses amis de la Diaspora qui rêvent de diriger le pays même avec la double nationalité. Ainsi, il sera plus facile pour les Etats unis d’orienter sa politique sachant qu’un américain pourrait bien prendre le Pouvoir en Haïti.

Si les élections se tiennent d’autres questions pourraient surgir, quels partis par exemple participeraient à ces joutes ? Combien d’électeurs iraient aux urnes ? Ces élections pourraient elles être légitimées par la communauté internationale ? Tout compte fait, il est très difficile de penser que Jovenel Moïse veut maintenant un accord politique au point où il est. Le PHTK et alliés savent pertinemment que le chef de l’Etat s’engage dans une voie tortueuse et qu’il est difficile de revenir en arrière en jouant le tout pour le tout.

Le Président n’a plus d’arguments pour rester au pouvoir jusqu’au 7 février 2022. Seules les élections lui donnent une raison d’espérer de rester au pouvoir à la date indiquée c’est à dire 2022. Jovenel Moïse sait aussi qu’il joue gros car le temps est contre lui. La pression de l’organisation hémisphérique, l’OEA en la personne de Luis Almagro fixant les élections pour le renouvellement du personnel politique au mois de Janvier 2021, est forte et le Président joue son avenir politique dans un espace réduit .

L’accord parait tout à fait improbable. On ne peut pas dire impossible en politique comme en match de foot. Cependant, dans un match il y a deux équipes et ce n’est pas le cas. Jovenel Moïse est le seul sur le terrain avec l’arbitre qui trouve en lui un parfait allié. Pourront ils convaincre les spectateurs de regarder cette farce qui se profile à l’horizon avec un match gagner d’avance? Si nous sommes en démocratie, il faut au moins un adversaire. C’est la loi du pluralisme politique et de la manifestation du peuple aux urnes. Le peuple semble t-il a déjà voté; il ne lui reste qu’à faire le geste : Retirer sa carte électorale. Donc, pas besoin d’accord !

Source/Haïti Press Network (HPN)
Photo/Archives
www.anmwe.com

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