Haiti

Haïti: Les hôpitaux publics en grève suite à l’enlèvement brutal du Dr Hans David Telemaque

PORT-AU-PRINCE – Hans David Télémaque, interne affecté au service des urgences à l’hôpital universitaire d’État d’Haïti a été kidnapping à proximité de son lieu de travail ce samedi 28 novembre 2020. Après une journée de protestations improvisées et de mobilisation sur les réseaux sociaux suivies de quelques interventions dans la presse, les internes et résidents des principaux centres hospitalo-universitaires d’Haïti ont décidé de rentrer en grève en vue de forcer les ravisseurs à libérer, sans condition, le Dr Hans David Telemaque.
“Consternés suite à l’enlèvement brutal de notre confrère l’interne Hans David THELEMAQUE, nous, les résidents de l’Hôpital du Sanatorium de Port-au-Prince (HSP), observons un arrêt complet de travail à partir de minuit en signe de solidarité à ce futur médecin sorti à peine de sa rotation à l’HSP. Nous condamnons vivement ces actes d’enlèvement au sein du pays tout entier et exigeons la libération immédiate de ce médecin pour le bien et la santé de la population haïtienne”, ont décidé les résidents de l’hôpital sanatorium de Port au Prince, ce samedi en début de soirée.

Même son de cloche du côté de l’hôpital universitaire Justinien (HUJ) du Cap-Haïtien. “Les résidents de l’HUJ observent un arrêt de travail jusqu’à la libération sans condition du Dr Telemaque Hans David en signe de protestation et de solidarité. Nous condamnons les agissements malhonnêtes à l’encontre de tous les citoyens du pays en particulier nos médecins qui peinent à mener leurs vies”, ont fait savoir les résidents de l’HUJ dans une note de protestation.

Le principal centre de maternité du pays, la maternité Isaïe Jeanty et Léon Audain, mieux connue sous le nom de l’hôpital Chancerelles, a fait entendre sa voix dans une note portant la signature des résidents du centre. “À partir de ce 28 novembre 2020, les résidents de la maternité Isaïe Jeanty et Léon Audain décident d’observer un arrêt de travail jusqu’à la libération du Dr Hans David Telemaque.”

Les résidents en profitent pour dénoncer “le comportement des agents de la PNH qui se mettent en face du mouvement de protestation pacifique du corps médical pour réclamer la libération du Dr Telemaque.

Quelques minutes après l’apparition de la note des résidents de la maternité Isaïe Jeanty et Léon Audain, les résidents de l’hôpital universitaire La Paix ont également sorti une note pour annoncer officiellement un arrêt de travail dans ce centre hospitalo-universitaire situé à Delmas 33. “Ce samedi 28 novembre 2020, tous, indignés ; vexés suite à l’enlèvement une fois de plus de l’un des nôtres l’interne : Hans David THELEMAQUE. Nous, les résidents de l’Hôpital Universitaire La Paix, observons un arrêt de travail à partir de minuit en signe de solidarité à ce futur médecin. Nous condamnons vivement ces actes d’enlèvement de plus en plus réguliers dans notre pays et exigeons la libération immédiate du médecin pour la reprise des activités dans les différents centres hospitaliers universitaires, La Paix particulièrement. Nous voulons aussi déplorer toute forme d’injustice faite envers nos collègues souhaitant protester pacifiquement”, ont renchéri les résidents.

Avec l’appui de tous les résidents, le comité national des médecins en résidence hospitalière des différents hôpitaux universitaires publics d’Haïti a publié un communiqué en vue de dénoncer le climat d’insécurité gradissant qui plane sur le pays et annonce que tous les résidents des centres hospitalo-universitaires publics du pays observeront un arrêt de travail jusqu’à la libération du Dr Hans David Telemaque.

“Cette pratique privative de liberté et l’insécurité en général doivent être adressées en toute urgence par les autorités afin de permettre à chaque Haïtien de vivre tranquillement dans le pays. Quant aux auteurs de cet acte, nous leur demandons de libérer le Dr Telemaque. Qu’ils pensent aussi aux patients qui sont laissés sans secours depuis son enlèvement, ces patients pourraient être eux-mêmes ou des membres de leur famille”, ont fait valoir le comité des résidents avant de dénoncer l’utilisation de gaz lacrymogène et autres moyens de répression pour disperser la manifestation pacifique des professionnels de la santé.

Réclamant la libération sans condition du Dr Telemaque, le comité des résidents annonce un arrêt de travail effectif à partir de minuit, le samedi 28 novembre 2020.

La Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) où le Dr Télémaque a fait ses études médicales jusqu’à sa rotation à l’HUEH n’est pas en reste. En effet, dans une note rendue publique le samedi 28 novembre 2020, “le décanat de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’UEH dénonce le climat d’insécurité qui prévaut dans le pays depuis plusieurs mois et condamne avec la plus ferme véhémence l’enlèvement et la séquestration ce samedi 28 novembre 2020 de l’interne Hans David Telemaque qui fait son internat à l’hôpital universitaire d’État d’Haïti.”

Entre autres, “le décanat réclame sa libération immédiate et sans condition et demande aux autorités de prendre leurs responsabilités pour créer un climat de tranquillité et de confiance pour permettre à la jeunesse de ce pays d’envisager l’avenir avec sérénité.”

En début d’après-midi du samedi 28 novembre, la police avait dispersé une manifestation des professionnels de la santé travaillant à l’HUEH à coup de gaz lacrymogène faisant une victime dans le rang des protestataires.
“Un interne avait effectivement reçu une bonbonne de gaz lacrymogène en plein visage. Il a une plaie au niveau de la région mandibulaire, sinon ça va pour lui”, a indiqué un résident à l’HUEH.

Dans la foulée, le PDG des hôpitaux privés du groupe DASH, le Dr Ronald Laroche, a annoncé que “Les soins de sante seront offerts gratuitement à tous les étudiants victimes de violences policières ou dues a l’insécurité dans tous les hopitaux du DASH 24h/24, 7 jours/7.”

Plusieurs dizaines de professionnels de santé travaillant à l’HUEH ont passé la nuit sur des bancs juxtaposés à la rue St-honoré donnant accès à l’hôpital général en guise de protestation.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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