Economy

Haiti: Le projet Agritrans, un véritable champ de ruines surveillé de près par des gardiens

TROU DU NORD « Nous allons remplacer la partie recouverte de bananes en 2016 par cette nouvelle variété tout en mettant de nouveaux espaces en exploitation », explique-t-il, assimilant la destruction de la plantation à un recul pour obtenir dans les prochains mois de bien meilleurs résultats. A long terme, poursuit l’actuel président d’Agritrans S.A., la nouvelle variété garantira un meilleur rendement, sans compter qu’elle sera beaucoup plus résistante aux maladies.

Questionné sur l’éventuelle attaque de la ferme par la cercosporiose noire (ou sigatoka noir) – une maladie foliaire du bananier causée par le champignon ascomycète –, Pierre-Richard Joseph précise que toute ferme agricole est exposée au sigatoka noir. En ce sens, il n’écarte pas totalement cette possibilité car, dit-il, à partir du moment où la décision de remplacer les plantules a été prise, il y a eu une certaine négligence sur le traitement.

« Aujourd’hui, le processus est presque abouti. Le peu qui reste à faire exige plus de travail que d’argent. Au niveau du fonds propre de la compagnie, nous pouvons y faire face. Cette nouvelle orientation ne nécessite pas de financement bancaire », précise Pierre-Richard Joseph, évoquant des engagements au nom desquels il ne peut pas laisser tomber la compagnie.

« Je ne comprends vraiment pas comment nous pourrions laisser tomber après avoir pris tous ces engagements, envers nous-mêmes, envers nos familles, envers nos actionnaires, envers les institutions financières ? », s’insurge ce dernier assurant qu’Agritrans S.A. paie régulièrement, chaque mois, au Fonds de développement industriel (FDI) la dette qu’elle avait contractée.

Hormis les agents de sécurité, présents pour empêcher quiconque de s’approcher de la ferme de trop près – et qui ont accouru à la barrière pour nous interdire de filmer et de photographier l’intérieur sur un ton lourd de menaces, on aurait pu croire à un vaste terrain abandonné. Pour les automobilistes et les motocyclistes, l’intérieur de la ferme n’est pas aussi visible qu’avant à cause d’un rideau de plantes ajouté à la clôture en bambou longeant le bord de la route sur plusieurs kilomètres.

Le projet Agritrans a reçu le support de plusieurs ministères, notamment celui du ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et celui du ministère de l’Agriculture. L’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Marie-Carmelle Jean-Marie, avait résumé ainsi l’appui que le MEF a apporté à ce projet : financement à travers le FDI – avec à la clé un prêt participatif de 6 millions de dollars, arpentage des mille hectares de la ferme, concession de 25 ans renouvelable pour le terrain et mise à la disposition des paysans qui occupaient le terrain des titres de propriété. Le ministère de l’Agriculture avait mis à la disposition d’Agritrans les équipements nécessaires pour la préparation du terrain (tracteurs pour des travaux de labour) et lui avait octroyé une première subvention de 500 000 gourdes, selon Thomas Jacques, ministre de l’Agriculture de l’époque.

« Depuis juillet 2016, nous avons arrêté nos livraisons sur l’Europe quand nous avons décidé de changer de variété de plantules », a fait savoir le manager, soulignant que cette décision a été prise de concert avec Port International, le principal client à qui Agritrans a livré ses cargaisons de bananes à destination de l’Europe de septembre 2015 à 6 juillet 2016.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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