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Haiti: Le Député Jude Jean autour de la ratification du Premier Ministre Jack Guy Lafontant

PORT-AU-PRINCE – Le Député Jude Jean de Boucan Carré a accordé une entrevue autour de la ratification du Premier Ministre Jack Guy Lafontant à Milca Magazine.

Député Jude Jean: Salut Milca

Milca Magazine: Merci de vouloir nous accorder cette entrevue. Car la situation actuelle du pays nous interpelle. En fait, d’après une note du bureau du Sénat, le Premier Ministre est attendu au Sénat aujourd’hui pour la declaration de sa politique générale. On attend le signal du bureau de la Chambre des Députés. Qu’elle est votre position en tant que Député de la 50ème Legislature ?

Député Jude Jean: Comme je l’ai mis en evidence dans mes récentes prises de position, la mise en place d’un gouvernement est plus qu’une nécessité. Il s’agit même d’une urgence.

Milca Magazine: Pourquoi c’est une urgence d’après vous?

Député Jude Jean: Je suis à Boucan Carré depuis samedi pour des fêtes d’églises, des visites communautaires et des rencontres organisationnelles. Les conditions de vie des paysans atteignent un niveau exagéré de détérioration. La perte des récoltes de petit-mil, les récentes inondations ayant dévasté plus d’une centaine d’hectares de plantation, la situation cahotique de la route principale de Boucan Carré et des routes agricoles, la majorité des écoles fonctionnant avec des enseignants non rémunérés, les problèmes d’accès aux soins de santé, l’absence de loisirs pour les jeunes constituent, entre autres, les principales contraintes rendant difficile la vie de nos paysans. Et pour insister sur l’urgence d’un gouvernement à la tête du pays, permettez que je reprenne textuellement une partie de mon article concernant les constats du contexte socioécononique et politique du pays:

1. Le déficit budgétaire de l’exercice 2015 – 2016 dépasse les 50 milliards de gourdes. Aujourd’hui, certains ministères et autres bureaux de l’Etat qui n’ont plus de disponibilités dans leur compte bancaire n’arrivent pas à honorer les salaires de leurs employés depuis plus trois à quatre mois.

2. La dette publique a crevé les plafonds des années précédentes. Les entreprises privées refusent de vendre à crédit à l’Etat et les populations n’arrivent plus à honorer leurs engagements. Exemple : Le ministère de l’éducation nationale a une dette de 4 milliards de gourdes envers les professeurs, les directeurs d’école et ses principaux fournisseurs de service.

3. L’Etat est incapable d’offrir à la population les services sociaux de base car les récettes de l’Etat sont en chute libre.

4. Dans le grand sud du pays la situation est catastrophique; plus de 60, 000 maisons détruites, les gens vivent dans des abris de fortunes. Pourtant plus de 90 millions de dollars sont déjà dépensés.

5. Pas d’électricité, pas d’eau, hôpitaux publics et centres de santé fermés (la situation s’aggrave au niveau du Sanatorium). L’institution principale offrant des soins de santé dans le Centre est en situation de crise. Montagnes de détritus partout dans le pays. Recrudescence du choléra. Dans certains centres de santé, il n’y a même pas d’anesthésie pour faire les césariennes des femmes enceintes.

6. Dévaluation accélérée de la gourde (de 2011 à 2017, le taux du dollar est passé de 39 gourdes à 69 gourdes). Baisse drastique des chiffres d’affaires du secteur privé d’environ 50% (il y a un réel risque aujourd’hui que les entreprises privées renvoient plus de 60% de leur personnel d’ici un mois). Les petites entreprises ferment leurs portes car la population n’a pas les moyens pour consommer.

7. Augmentation de l’insécurité et de la criminalité : viols, vols, kidnapping et assassinats. Les jeunes se prostituent pour assurer leur survie. Les accidents de la route et les désastres naturels deviennent de graves sources de mortalité dans le pays.

Milca Magazine: Aviez-vous rencontré le Premier Ministre. Quelles sont les conditions de votre vote?

Député Jude Jean: Pour répondre à cette question, je vais encore une fois fois me référer à l’article que j’ai écrit au sujet du contexte socioeconomique et politique du pays pour préciser que la population de Boucan Carré, me confie un mandat pour porter leurs revendications le plus loin possible et de retourner avec des solutions durables pour pallier à la situation catastrophique qu’elle vit au quotidien. Parmi les grands projets prioritaires susceptibles de contribuer à son développement, la population de Boucan Carré attend du gouvernement:

– La construction des infrastructures routières (la route principale et le Pont Palma, la route menant au département de l’Artibonite, les routes dans les sections communales) pour faciliter le désenclavement, la communication et le commerce de nos denrées.

– La création de Bureaux Agricoles Communales (BAC), pour l’accès aux semences et la Banque de Crédit Agricole pour l’accès au crédit pour les paysans (BCA). Une assistance aux paysans victimes des inondations de Janvier 2017, ce qui a affecté plusieurs centaines d’hectares de plantations dévastées.

– La protection de l’environnement et la réductiom des risques de désastres.

– Le renforcement de la capacité du barrage du Péligre et le développement de son potentiel touristique, pour la création d’emplois et la facilitation de l’électricité à la population.

– Sur le plan de l’éducation, la construction du lycée de Boucan Carré et la construction des écoles nationales de nos sections communales, la nomination des professeurs etc.

– En matière de santé publique, le renforcement de l’accès aux soins de santé dans les sections rurales. Ce Gmgouvernement devra adresser également les problèmes de financement des institutions de santé dans le Centre;

– Le renforcement de la justice et l’amélioration de la situation sécuritaire de la circonscription;

Pendant tout le déroulement de ma campagne électorale la jeunesse était au centre de mes débats, le nouveau gouvernement doit m’assurer du développement des activités de Jeunesse pouvant créer une certaine dynamisation au niveau de la circonscription avec un fort pourcentage de jeunes ( ex : Centre Lecture et d’Animation Culturel, CLAC).

Voilà en résumé les principales attentes de la population de Boucan Carré du prochain gouvernement.

Milca Magazine: Cela signifie que le Premier Ministre aura votre vote de confiance?

Député Jude Jean: Je suis un élu de la Plateforme PHTK ayant supporté le Président Jovenel pendant toute sa campagne électorale. Nous avions mené une campagne sur des projets bien déterminés. Le gouvernement qui va être mis en place aura comme mission la matérialisation des promesses de campagne de l’équipe. Il est donc de mon devoir de faciliter le passage vers cette phase opérationnelle.

Milca Magazine: Et après la mise en place du gouvernement, quelle sera votre mission?

Député Jude Jean: En tant que parlementaire ayant fait campagne autour du projet du Président, je me donnerai pour objectifs:

– M’assurer que le gouvernement est inscrit dans l’idée de l’opérationnalisation des projets que nous avions présentés au peuple;

– Voter un ensemble de lois en adéquation avec ces projets;

– Canaliser les moyens pour faciliter la mise en place de ces projets à travers le budget.

Milca Magazine: Mais on raconte que des parlementaires et des acteurs politiques font pression sur le Président pour le partage du gateau, serait-ce vrai d’après vous?

Député Jude Jean: La démarche pour la mise en place de ce gouvernement s’inscrit dans un esprit d’ouverture avec des alliés du pouvoir fidèles à ce projet, tout en s’ouvrant à d’autres projets et propositions pertinentes et ceci dans la perspectives du développement national. On peut également se référer à la notion de la responsabilité partagée, c’est de mettre d’accord avec d’autres acteurs sur les institutions et le développement du pays.

Milca Magazine: Honorable Deputé Jude Jean nous vous remercions, mais quels seraient vos mots de conclusion?

Député Jude Jean: Je vous remercie Milca et félicite votre travail. Le pays ne peut plus attendre. Je crois que le Président et tous les Parlementaires en sont pleinement conscients. Nous devons tous assumer nos responsabilités en qualité d’hommes d’états. La politique est jeu d’intérêt, je n’en disconviens pas, mais faisons également d’elle un jeu d’intérêt du peuple. Ce Peuple a trop souffert, il est temps d’agir.

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Source/Milca PIERRE/ Milca Magazine
Photo/Archives
www.anmwe.com

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