PORT-AU-PRINCE – La campagne pour le second tour de l’élection présidentielle a été lancée vendredi en Haïti, mais il semble que seulement un candidat y participera activement.
Le candidat appuyé par le gouvernement Jovenel Moïse, un entrepreneur du secteur de l’agriculture encore peu connu, a terminé en tête au premier tour, du 25 octobre avec près de 33 pour cent du vote populaire. Son premier rassemblement de la campagne, en soirée, a attiré quelque 1500 personnes.
Mais la campagne de son principal opposant, Jude Célestin, qui a fini deuxième, était beaucoup plus discrète. Il avait annoncé la veille qu’il ne prendrait pas part au deuxième tour prévu le 24 janvier si des changements importants n’étaient pas apportés au processus électoral comme l’avait suggéré un comité spécial.
M. Célestin, qui était auparavant à la tête de l’agence de construction du gouvernement, a dit au «Miami Herald», jeudi, que le président sortant Michel Martelly devrait «faire une élection avec seulement un candidat».
Tous les appels qui lui sont adressés demeurent sans réponse et les responsables de sa campagne n’ont pas rappelé l’Associated Press vendredi.
Alors que le Conseil électoral provisoire a promis d’accroître la transparence pour le prochain scrutin, un porte-parole de la commission spéciale responsable d’enquêter sur le premier tour a indiqué qu’il avait vu très peu de progrès pour améliorer le processus et dissiper les tensions politiques depuis que le rapport du comité a été publié la fin de semaine dernière.
À moins que M. Célestin ne retire officiellement sa candidature de la course, son nom apparaîtra sur les bulletins de vote, qu’il choisisse de faire campagne ou non, a fait savoir le porte-parole du conseil électoral, Roudy Stanley Penn.
«Jusqu’à ce qu’il nous envoie une lettre pour dire qu’il abandonne, il sera sur les bulletins de vote pour le dernier tour et les gens pourront choisir de voter pour lui», a précisé M. Penn, vendredi.
Les Nations unies, les États-Unis et tous les autres gouvernements étrangers qui supervisent les opérations en Haïti appuient fortement l’idée de tenir un deuxième tour plus tard ce mois-ci pour que le président soit assermenté le 7 février comme le prescrit la Constitution.
L’Organisation des États américains (OEA) a affirmé jeudi que le scrutin prévu le 24 janvier «était un pas dans la bonne direction».
Un sentiment de confusion était perceptible dans la capitale de Port-au-Prince, vendredi. Le fait qu’un seul candidat soit en campagne en a laissé plusieurs perplexes et certains ont exprimé leur doute sur le fait que des élections puissent avoir lieu dans de telles circonstances.
«Je n’ai jamais entendu parler de quelque chose comme cela dans un pays normal. Seulement un candidat dans une élection présidentielle. Comment cela peut-il être possible?», a affirmé une vendeuse de rue, Karine Fénelon, qui n’a pas voté aux élections depuis plusieurs années.
Un comptable au chômage, Pierre Richard Juste, a indiqué pour sa part que l’opposition se prêtait à des «jeux politiques». «Nous en sommes arrivés finalement arrivés là avec ces élections. Il devrait maintenant y avoir une conclusion», a-t-il plaidé.
Les élections sont rarement faciles en Haïti, qui a tenu ses premières élections libres seulement en 1990.
En 2010, certaines allégations circulaient selon lesquelles le président sortant, René Préval, avait truqué le vote en faveur de Jude Célestin, qu’il appuyait. La controverse avait mené à des affrontements entre les partisans de son opposant de l’époque et président actuel, Michel Martelly, et les forces de maintien de la paix. M. Célestin avait finalement été éliminé de la course et M. Martelly avait pris le pouvoir en mai 2011.
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Source/98,5 Fm Montreal
Photo/Archives
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