PORT-AU-PRINCE – Le pasteur Amel Lafleur et l’évêque Michaël Jean Lissaint de l’Eglise de Dieu indépendante de la porte étroite, sise à Delmas 19, sont dans le collimateur de la justice. Accusés de séquestration et de détournement de mineure suivis d’agressions sexuelles sur une adolescente de cette église, ces derniers sont renvoyés au tribunal criminel siégeant sans assistance de jury pour y être jugés conformément à la loi, selon une ordonnance signée par le juge instructeur en charge de l’affaire, Jeudilien Fanfan.
Placée sous la garde du pasteur suivant l’accord de ses parents au motif qu’elle est possédée, la jeune fille a affirmé, lors de son interrogatoire au cabinet d’instruction, avoir été violée par le pasteur Amel Lafleur le soir même de son arrivée. « Le pasteur a eu plusieurs rapports sexuels avec moi et a enlevé ma virginité. Ensuite, il m’a conduite chez l’évêque Michaël Jean Lissaint qui, lui-même, a eu des rapports sexuels avec moi trois fois pendant les 7 mois passés dans sa maison », a-t-elle déclaré, disant qu’elle a fait le récit des faits à sa mère. Ces présumés agresseurs ont demandé à celle-ci de ne pas prêter foi à ses racontars, car elle est possédée par un esprit démoniaque.
Un témoin, interrogé dans le cadre de cette affaire, a reconnu le placement de la jeune adolescente chez l’évêque. Il a confirmé que la victime a toujours les mains et les pieds liés. « Un jour, en participant à un culte d’adoration un dimanche après-midi, j’ai entendu la sœur se mettre à crier, en disant : « Mezanmi nou kite pastè Amel Lafleur vyole m ak tout Michaël Jean Lissaint. Yo bat mwen, yo fè m pase mizè. Pour dissimuler ce qui s’est passé, poursuit le témoin, le pasteur a frappé une bible sur la tête de la fille avec des paroles « tonbe djab, satan m chase w. Ale nan lanfè ».
Voulant régler cette affaire à l’amiable, le pasteur Amel Lafleur comptait payer 250 000 gourdes pour réparer les préjudices causés à la victime, selon ce qu’a rapporté l’adolescente. Une somme que le cabinet Noé Morancy dit n’avoir jamais reçue, rapporte l’ordonnance du juge d’instruction. De son côté, le pasteur a affirmé avoir contacté le cabinet Morency afin de traiter le dossier pour recouvrer sa quiétude d’esprit. « M te vle gen lapè mwen, moun yo se malere yo ye. Yo te bezwen yon èd, m te bay 250 000 goud », lit-on dans l’ordonnance.
Toutefois, confrontés avec la victime au cabinet d’instruction, les inculpés nient en bloc les accusations mises à leur charge. En ce qui concerne l’inculpation pour séquestration, Michaël Jean Lissaint a rejeté cette accusation. Selon lui, on ne peut pas parler de séquestration vu que la victime a été confiée à ses soins en vertu d’un document légal. En ce qui a trait au viol, il a évoqué l’absence de preuves ajoutant que c’est au tribunal qu’il a entendu ce mot.
Après avoir interrogé toutes les personnes impliquées dans le cadre de cette affaire, le juge Jeudilien Fanfan a jugé qu’il y a lieu de suivre le pasteur Amel Lafleur et l’évêque Michaël Jean Lissaint pour détournement de mineur suivi d’agressions sexuelles. Selon l’ordonnance, il y a assez d’indices concordants susceptibles d’établir leur culpabilité. En conséquence, le juge instructeur les renvoie au tribunal criminel siégeant sans assistance de jury pour y être jugés conformément à l’article 300 du code pénal.
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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