PORT-AU-PRINCE – Les obsèques du célèbre journaliste Anthony Pascal dit Konpè Filo, ont eu lieu ce mardi matin au kiosque Occide Jeanty, au Champ de Mars. Figure emblématique dans la lutte pour la liberté de la presse et la liberté d’expression, Konpè Filo est décédé le 31 juillet, alors qu’on le transportait à l’hôpital. Amis, famille, ancienne collaboratrice, Liliane Pierre Paul ainsi que des personnalités de divers horizons, se sont réunis ce mardi 18 août au Champ de Mars pour rendre un dernier hommage à cet homme dont les oeuvres vivront longtemps encore après sa mort.
Les funérailles se sont déroulées sur fonds de tension. Des militants ont vainement essayé de faire obstacle au déroulement de la cérémonie en lançant à tort et à travers des propos injurieux à l’encontre des personnalités politiques présentes à l’événement, les accusant d’être responsables de la mort de Konpè Filo, décédé faute de soin de santé.
Il est 9h35 quand, sous un ciel gris, l’ancien député Caleb Desrameaux, maître de cérémonie, a donné le coup d’envoi, malgré les insultes des militants dont il faisait l’objet . Sur une estrade arborant des feuilles de toute sorte, un vrai travail de pro de la designer Phélicia Dell, la superbe voix de Erol Josué fait suite à l’interprétation de l’hymne national à cappella par un groupe de chanteurs. Vêtu d’une longue tunique noire et d’une écharpe de couleur marron, Erol Josué a mis un peu de chaleur à cette cérémonie, comme l’aurait souhaité le défunt.
Ensuite on fait place aux témoignages. C’est à ce moment que, Mardochée Pascal, l’une des soeurs de Konpè Filo raconte que, sa famille a failli perdre Filo à plusieurs reprises, d’abord à sa naissance, puisqu’il était égaré à l’hôpital de l’université d’Etat Haïti, le 11 mai 1953( jour de sa naissance), puis quand il était parti en exil.
Elle raconte aussi que Konpè Filo, très jeune, assurait le rôle de père de ses 11 frères et soeurs. Selon Mardochée, konpè filo a eu un doctorat honoris causa de l’université Royale d’Haïti et un doctorat honorifique de maîtrise en communication de l’université Quisqueya. Il n’était pas seulement journaliste, raconte sa soeur. Il s’était spécialisé en communication de masse à Toulouse et a aussi étudié l’art et le métier de la vidéo à New-York.
Ariane Aïda Kamila Métellus Pascal, fille unique du défunt qui réside au Canada, n’a malheureusement pas pu assister aux funérailles de son père. Une proche a lu le message qu’elle a rédigé pour l’occasion. Aïda raconte que, malgré la distance qui les séparait et leurs croyances différentes , son père était toujours là pour elle. “Il intervenait toujours à chaque fois que quelque chose me tracassait sans que j’aie eu besoin de faire appel à lui et ça, je n’arrive toujours pas à l’expliquer”, songe -t- elle.
Dans une ambiance fort bruyante, les hurlements des militants ont rendu le discours du ministre de la culture et de la communication, Pradel Henriquez, presqu’inaudible. Ce dernier qui a quand même terminé la lecture de son discours, affirme que la présence de toute cette délégation est bien une preuve que Konpè Filo était et continuera d’être une légende.
Pour l’ancien ministre des affaires sociales et du travail ,Victor Benoit, c’est l’altruiste dont faisait preuve Konpè Filo qui l’a surtout marqué. Il rapporte qu’une fois, konpè Filo, alors qu’il était à New York, a fait don des seuls 10 dollars qu’il disposait pour ses déplacements pour la semaine, à une femme pour payer sa résidence à New York. Toute la satisfaction que tirait le défunt de cette action était qu’il a empêché à cette dame de rentrer au pays où la dictature régnait encore.
La cérémonie s’est terminée sur une note beaucoup plus religieuse avec Erol Josué et Augustin Saint Clou, Roi du Vodou Haïtien. On a ensuite conduit la dépouille à Vallue dans sa ville natale à Petit Goâve où elle sera inhumée.
Source/Juno7
Photo/Haiti Standard
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