Port-au-Prince Hier mercredi, dans un communiqué conjoint Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé un « manque de volonté politique et des retards inacceptables » au niveau des tribunaux qui permettent à Jean-Claude Duvalier, d’échapper à la justice pour selon ces organisations des « des violations des droits humains ».
« Les autorités haïtiennes ont rouvert des poursuites pénales contre l’ex-dictateur il y a trois ans, peu après son retour au pays, le 16 janvier 2011, faisant suite à un exil de 25 ans en France. Il était accusé de graves violations des droits humains […] à l’encontre d’opposants politiques, ainsi que de corruption. Cependant, la procédure est au point mort depuis près d’un an, » peut-on lire.
« Il semble que les autorités haïtiennes n’ont aucune intention de procéder à une enquête approfondie sur les violations commises pendant les années Duvalier, » a déclaré Javier Zúñiga, conseiller spécial auprès d’Amnesty International pour les programmes régionaux.
« La procédure judiciaire est au point mort, ce qui prive les victimes […] de leur droit à la vérité, à la justice et aux réparations. Comme si cela ne suffisait pas, Duvalier continue de participer à des événements publics, bien souvent à l’invitation du gouvernement haïtien [1er janvier 2014], » a t-il ajouté.
Rappelons qu’en janvier 2012, un juge d’instruction a statué qu’il devait être jugé par un tribunal de première instance pour détournement de fonds publics, mais que le délai de prescription était dépassé pour les violations des droits humains dont il était accusé. Les victimes de ces violations ont fait appel de cette décision, et Jean-Claude Duvalier aussi. La procédure d’appel a commencé le 13 décembre 2012.
Jean-Claude Duvalier a comparu devant la cour d’appel de Port-au-Prince le 28 février 2013, où il a présenté pour la première fois un témoignage public évoquant les crimes présumés commis quand il était au pouvoir.
« Dans un pays où l’impunité [règne] la présence de Duvalier au tribunal était une lueur d’espoir pour les victimes et leurs familles, » a souligné Reed Brody, conseiller juridique et porte-parole de Human Rights Watch. « Les autorités haïtiennes ont l’obligation d’engager des poursuites pour ces graves violations des droits humains. Aucune prescription ne s’applique aux crimes tels que la torture, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées, » a t-il ajouté.
Entre mars et mai 2013, huit victimes ont témoigné devant le tribunal malgré les objections des avocats de Jean-Claude Duvalier, qui ont formé un recours dans le but d’empêcher les victimes d’exercer leur droit de se constituer partie civile. L’audition des témoignages s’est achevée en mai, et la décision de la cour d’appel est en instance depuis lors. De multiples sources ont indiqué à Amnesty International et Human Rights Watch que la cour d’appel attend que d’autres étapes de la procédure soient finalisées avant de rendre son jugement.
Parlant de la présence de J-C Duvalier aux cérémonies de la fête de l’indépendance aux Gonaïves, qui avait réuni également l’ancien président Prosper Avril, sous le signe de la réconciliation nationale Javier Zúñiga a déclaré « La réconciliation n’est pas possible sans justice, vérité et réparations. »
Source/HaïtiLibre
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