PORT-AU-PRINCE – Sur le gaspillage de l’aide étrangère, le président haïtien Jovenel Moïse partage un point commun avec son homologue américain Donald Trump, obligé, début janvier, de démentir avoir qualifié Haïti de « trou de merde ». « Maintenant, en Haïti, l’argent des contribuables étrangers, votre argent, est gaspillé », a balancé Jovenel Moïse, en interview avec Bloomberg, un média américain, jeudi 1er février 2018. « Chaque année, nous recevons entre 1,2 milliard et 1,4 milliards de dollars d’aide ou plus. Cependant, tout l’argent est dépensé dans l’état de désordre de l’aide publique au développement », a renchéri tout de go le chef de l’État haïtien, Jovenel Moïse qui ne s’en prend pas à Donald Trump mais aux nombreuses ONG ayant valu à Haïti le sobriquet « République d’ONG ».
Reconnaissant qu’Haïti a encore besoin de financement étranger, le président Jovenel Moïse a indiqué que le gouvernement haïtien a été mis en hibernation alors que des organisations multilatérales, des organisations de charité, des gouvernements étrangers et des ONG ont « gaspillé » des milliards des projets de développement inefficient et sur-évalués financièrement. « Si durant les quarante dernières années, les milliards de dollars dépensés pour aider au développement d’Haïti n’ont pas donné les résultats escomptés, c’est parce que l’approche et le paradigme doivent changer », a indiqué Jovenel Moïse lors de cette interview avec Bloomberg.
« Haïti doit avoir la capacité d’obtenir des prêts pour effectuer les investissements pour créer de la richesse, pour investir plus, pour fournir l’électricité 24 heures par jour », a affirmé le président Jovenel Moïse, à la tête d’Haïti, 11 millions d’habitants ayant reçu 5.1 milliards de dollars d’aide après le séisme du 12 janvier 2010 ayant fait au moins 200 000 morts et laissé 1,5 millions de sans-abris avec un revenu par habitant de 761 dollars américains, une pauvreté accentuée par les coups d’État, l’instabilité politique chronique, la corruption et la faiblesse des institutions publiques, expliquant le fait que des donateurs contournent le gouvernement.
Le président Jovenel Moïse a indiqué avoir eu des discussion avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, des gouvernements étrangers et d’autres organisations pour que le gouvernement Haïti ait plus de contrôle. Le chef de l’État haïtien, selon Bloomberg, a indiqué qu’il veut que les agences d’aide suivent le plan de développement qui priorise la construction du réseau électrique national, des écoles, des centres de santé, la reforestation des zones rurales et la construction de routes. Dans le cadre d’un plan de quatre ans, Jovenel Moïse appelle à des investissements de 1,8 milliard de dollars américains. L’an dernier, le gouvernement à demarré des projets pilotes dans ces secteurs. L’un des projets inclut la fourniture d’équipement en région, dans les départements, pour réaliser des travaux publics, des routes à des prix bas qu’on n’avait pas encore vus, a expliqué Jovenel Moïse.
« Nous disons maintenant que nous voulons penser, concevoir et implémenter nous-mêmes le développement », a dit le chef de l’État haïtien. « Cela ne signifie pas que nous disons à nos partenaires de partir mais nous voulons faire en sorte que l’État soit responsable », a dit Jovenel Moïse dans cette interview avec Bloomberg qui souligne le contexte marqué, à côté de la saga « shithole contries », des questions liées à l’immigration. Les Haïtiens vivant aux États-Unis œuvrent au bénéfice des deux pays, a aussi indiqué le chef de l’État au cours de l’interview où il s’est exprimé en créole et en français.
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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