PORT-AU-PRINCE – Le président désigné d’Haïti, Jovenel Moïse, est soupçonné de blanchiment d’argent selon un rapport administratif qui refait surface après que des parlementaires ont exigé la fin de l’enquête sur le dossier avant la prise de fonction présidentielle prévue le 7 février.
«Pour la vérité et pour l’Histoire, on veut faire savoir que l’enquête (sur Jovenel Moïse) a été ouverte en 2013 et que le rapport a été expédié au parquet en 2016: personne n’a instrumentalisé l’UCREF depuis que je suis directeur général», a assuré aux médias mercredi Sonel Jean-François, le directeur général de l’Unité centrale de renseignements financiers.
Cette administration, qui a produit le rapport, a exceptionnellement tenu une conférence de presse mercredi après que quatre sénateurs eurent, dans une lettre publiée lundi, exigé la résolution du dossier «avant que soit enclenché tout processus visant à la prestation de serment d’un quelconque président désigné», précise le courrier.
Jovenel Moïse qui, a toujours démenti les accusations de crimes financiers, considère ce rapport comme diffamatoire.
«J’ai pris des avocats pour obtenir réparation sur ma réputation» a-t-il précisé mercredi soir lors d’une conférence de presse à son retour de voyage en République dominicaine.
La réponse de Jovenel Moïse au courrier des sénateurs a été aussi brève que sèche: «que le Sénat fasse son travail et la justice le sien».
Ses avocats ont dénoncé mercredi matin, sur une radio privée, les inexactitudes supposées du rapport: dans son analyse sur les comptes bancaires de Jovenel Moïse, l’UCREF aurait fait une erreur de devise, entre la monnaie nationale, la gourde, et le dollar américain.
«Il n’y a pas d’erreur dans le rapport de l’UCREF», a répondu le directeur général de l’institution, montrant aux journalistes une copie de l’ouverture du compte incriminé sur lequel la devise dollars américains est précisée. «Il y a d’autres éléments que les banques ont envoyé qu’on ne peut étaler ici dans le cadre de cette conférence de presse. Beaucoup se focalisent sur cette histoire de gourdes et dollars mais il y a une quantité d’éléments qui ont permis d’arriver à la conclusion de l’enquête», a assuré Sonel Jean-François.
La véracité du rapport de l’UCREF doit être établie par le juge mais depuis août 2016, aucune démarche n’a été officiellement entreprise par l’instruction.
A moins de trois semaines de la prise de fonction de Jovenel Moïse, cette polémique vient envenimer la vie politique haïtienne toujours divisée quant à la justesse des résultats de l’élection présidentielle.
Déboutés par la justice, les trois principaux candidats de Jovenel Moïse refusent toujours de reconnaitre sa victoire et plusieurs parlementaires de l’opposition menacent de boycotter la prestation de serment.
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Source/La Presse
Photo/La Presse
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