PORT-AU-PRINCE – Quelques heures après le meurtre de Genel Louis, alias Ti Ougan, chef de gang réputé de Cité Soleil, plusieurs dizaines de familles ont dû abandonner leurs maisons suite aux représailles auxquelles elles sont sujettes. Des habitants de cette commune ont fait savoir que les représailles n’avaient pas tardé à venir sitôt que la nouvelle de la mort du caïd s’était répandue vers midi. Les circonstances de cet assassinat demeurent pour le moment floues.
De nombreuses familles, essentiellement des femmes portant en bandoulière leurs enfants, ont envahi le carrefour Drouillard, zone limitrophe de l’aéroport international Toussaint Louverture. En face du cimetière de Drouillard, des gens, visiblement aux abois, se rassemblent, assistant désespérément à la situation. La route nationale sert de transit à ces familles qui ont cherché recours à un poste de contrôle policière audit carrefour. Depuis midi, jusqu’en milieu de soirée, des tirs à l’arme automatique étaient entedues au cœur de ce vaste bidonville. Des pères en pleurs, des mères et des enfants arpentent la route nationale numéro 1 en direction de Trois-Mains et de Sarthe pour y chercher refuge.
Comment se terminera la soirée du vendredi 29 novembre 2019 pour ces familles en cavale ? Pourront-elles rentrer chez elles le lendemain dans la matinée ? La paix reviendra-t-elle à Cité Soleil de sitôt ? Les interrogations de ces familles sont nombreuses. Pourtant elles ne sont pas les seules à s’en inquiéter. Dans les environs de la commune, la crainte s’installe déjà. Les souvenirs de 2004 refont surface dans les discussions parmi les résidants les plus proches de la commune de Cité Soleil.
Depuis plusieurs années, un calme, supposé apparent pour certains, s’était établi à Cité Soleil après des efforts communs et constants d’organisations de la société civile surtout, des forces de l’ordre, et de la volonté manifeste des gangs rivaux d’observer une trêve. La mort du chef de gang de Boston, quartier de Cité Soleil, entrave cette paix acquise après des années de marginalisation, en référence au début des années 2000. À cette époque, la cité, quartier populaire soutenant le président Jean-Bertrand Aristide, était déclarée zone de non-droit à cause de l’insécurité qui y régnait.
Les autorités municipales étaient injoignables. Aucun cas de blessé, de meurtre, d’incendie entre autres, n’est encore révélé. Des ouï-dire laissent croire qu’il y en a. Les habitants de Cité Soleil ne sont pas les premiers à subir des affres de l’insécurité et du banditisme en Haïti au cours de cette année. On peut en compter La Saline, Carrefour-Feuilles, Tokyo, Bel-Air… Sera-t-elle la dernière commune à compter des morts cette année ? À tort ou à raison, jeudi, le chef de l’État, Jovenel Moïse, a promis de lutter contre les bandits qui montent en puissance à travers tous les départements géographiques du pays.
Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com