PORT-AU-PRINCE – La mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), uniquement composée de policiers et de civils, a officiellement débuté lundi, après 13 années de présence de casques bleus dans le pays.
À la suite de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), la MINUJUSTH va continuer à soutenir la professionnalisation de la police haïtienne, tout en travaillant au renfort de l’État de droit et au respect des droits humains, y compris les questions relatives à l’égalité et à l’équité de genre.
Sixième mission de maintien de la paix en Haïti au cours des 25 dernières années, la MINUJUSTH comptera 350 civils et un total de 1275 policiers.
«Je reste persuadé qu’Haïti saura saisir cette opportunité offerte par le déploiement de la MINUJUSTH pour consolider la stabilité politique acquise ces dernières années, afin d’ouvrir la voie à un avenir démocratique, stable et prospère pour tous les Haïtiens et toutes les Haïtiennes», a déclaré lundi Mamadou Diallo, coordinateur humanitaire des Nations unies.
Le diplomate guinéen assure la direction par intérim de la MINUJUSTH en attendant la nomination par l’ONU du chef de cette nouvelle mission.
Devant les ambassadeurs étrangers et les responsables de la police nationale, le ministre haïtien des Affaires étrangères a salué les avancées obtenues dans le pays grâce à la MINUSTAH, mais également souligné les lourdes conséquences du passage des casques bleus en Haïti.
«Des règlements d’engagement stricts doivent être mis en place pour favoriser l’implémentation de la tolérance zéro», a exigé Antonio Rodrigue, en évoquant les crimes sexuels commis par les soldats étrangers sur des femmes et enfants haïtiens. «La question du choléra ne saurait non plus être passée sous silence», a souligné le ministre haïtien.
En octobre 2010, une épidémie de choléra a été introduite dans le pays pas des casques bleus népalais, tuant plus de 10 000 Haïtiens jusqu’à présent.
L’ONU ne s’est excusée que 6 ans après le début de l’épidémie et refuse de reconnaître toute responsabilité juridique en la matière.
Quant au programme visant à éradiquer la maladie en Haïti, moins de 5% des 400 millions de dollars nécessaires ont été collectés par l’ONU auprès des États membres.
Ajouté à ce lourd héritage, la MINUJUSTH entame son mandat de deux ans d’appui à la justice alors que les juges viennent d’observer une semaine de grève générale pour dénoncer une trop faible enveloppe budgétaire attribuée au secteur judiciaire.
Gangrenée par la corruption, la justice haïtienne est tristement réputée pour son extrême lenteur. Les prévenus peuvent attendre plusieurs années en prison avant d’être jugés: conséquence directe, avec plus de 400% de taux d’occupation, la surpopulation carcérale haïtienne est l’une des plus importantes au monde.
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Source/La Presse
Photo/La Presse
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