Haiti

Haïti: Ariel Henry «Personne n’a le droit de décider en petit comité qui doit être président ou premier ministre»

PORT-AU-PRINCE – Le premier ministre de facto Ariel Henry a haussé le ton et qualifié de jeu d’enfant les démarches de concertation, qui se sont déroulées récemment en Haïti et dans sa diaspora aux États-Unis, afin de mettre en place des formules de transition pour juguler la crise qui secoue le pays, dans une adresse, ce 7 février 2022, à la nation, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Personne n’a le droit de se réunir dans un hôtel ou à l’étranger pour décider en petit comité qui doit être président ou premier ministre », a-t-il fustigé, qualifiant ces initiatives de jeu d’enfant et de distraction.

Entouré de tous les membres du gouvernement, Ariel Henry a tenu ces propos dans un discours diffusé à travers les médias, dont AlterPresse/AlterRadio, à l’occasion du 36e anniversaire de la chute de la dictature féroce des Duvalier en 1986, après 29 ans de règne.

Le 7 février est également retenu comme date d’entrée en fonction des présidents, un rendez-vous non respecté l’année dernière à la fin du mandat de Jovenel Moïse. Ce dernier, qui n’avait pas organisé d’élections, et qui a été assassiné le 7 juillet 2021, avait promis de laisser le pouvoir ce 7 février 2022.

Nommé par Jovenel Moïse deux jours (le 5 juillet 2021) avant son assassinat, et bénéficiant de l’appui explicite de la communauté internationale, Ariel Henry est aujourd’hui au cœur d’une polémique, plusieurs secteurs et même le sénat estimant qu’il n’a plus la moindre légitimité pour continuer à diriger le pays.

« La situation du pays est trop grave pour que l’on perde notre temps à pratiquer un jeu de chaises musicales à la tête de l’État », a déclaré Ariel Henry, qui revient sur la perspective de l’organisation d’élections générales sans faire part d’aucune échéance.

Il admet que l’insécurité, la violence et la méfiance ne favorisent pas la tenue d’élections démocratiques.

Le chef de gouvernement réitère son appel au dialogue, tout en menaçant de sévir contre ceux et celles qui s’aviseraient d’utiliser la violence pour tenter d’accéder au pouvoir.

Plus tôt dans la journée, le président du dernier tiers du sénat, Joseph Lambert, a nié à Ariel Henry le droit de prendre des décisions engageant l’avenir de la nation. A partir de cette date, le gouvernement en place liquide les affaires courantes, en attendant qu’un large consensus se dégage entre les acteurs politiques et ceux de la société civile, tranche Lambert.

Il invite le premier ministre de facto, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) et les différents pôles politiques à un sommet extraordinaire, cette semaine, en vue de dégager les perspectives pour un retour à la normalité institutionnelle.

Il y a une semaine, un large regroupement d’organisations de la société civile et des partis d’opposition ont, dans le cadre d’un mouvement appelé Accord de Montana, procédé à l’élection au second degré d’un président et d’un premier ministre pour diriger une éventuelle transition.

L’atmosphère, ce 7 février 2022, en Haïti était marquée par la prudence et l’incertitude. Une bonne partie de la population est restée chez elle, occasionnant une paralysie quasi complète des activités économiques et sociales.

Source/AlterPresse
Photo/Archives
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