PORT-AU-PRINCE – Le président Jovenel Moïse est passé à une vitesse supérieure ces derniers jours. Dans le ton de ses derniers propos tenus et au constat de l’ampleur de ses projets, il est visiblement pressé de matérialiser dans la « glaise du réel » des promesses qui lui tiennent à cœur.
Le président s’en prend à ses contradicteurs, corrige ses adversaires, attaque ses concurrents avec virulence. Il fait même tout seul des procès et dicte des orientations à la justice.
Au Cap-Haïtien et au palais national la fin de la semaine écoulée, c’est un Jovenel Moïse contrarié ou énervé qui a pris la parole à chaque fois. Le président donne l’impression de vouloir incarner son destin.
Pour ce qu’il est des projets, plus d’une année après l’expiration du délai qu’il s’était donné pour électrifier le pays 24 heures sur 24, le président s’est, semble-t-il, décidé à ne plus perdre un jour. Le pays va avoir du courant électrique à gogo, promet une nouvelle fois le chef de l’État.
Très sûr de son calendrier, le président annonce déjà quand l’usine à gaz marchera pour produire des mégawatts et où seront achetés les panneaux solaires des différentes centrales qui seront disséminées sur le territoire.
Il reconnaît cependant dans le même temps que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif n’a pas encore approuvé les contrats. N’est-ce pas signe d’empressement ou d’accélération ?
Alors que les projets sont annoncés ficelés et l’assurance en la pérennité du pouvoir affichée sans un doute, les problèmes et écueils jonchent de plus en plus la route du président.
Déficit budgétaire mis à part, le pays n’a pas les fonds pour financer les plans sur la comète électrique. L’ED’H est au plus mal. Des proches du président ou des partisans : élu, conseiller, ministre, directeur général, commissaire et autres laissent le navire ou se chamaillent. Il y a rarement eu autant de démissions et de refus de nomination que ces derniers jours.
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la nébuleuse au pouvoir.
Sans gros moyens et avec des alliés qui s’interrogent sur l’avenir, le président Jovenel Moïse aurait pu faire le dos rond comme d’habitude et laisser passer la mauvaise passe ; cette fois, il accélère de préférence.
Les très mauvaises langues disent qu’il doit délivrer l’essentiel des promesses de son mandat entre maintenant et janvier 2021 avant tout changement aux États-Unis d’Amérique.
D’autres disent qu’il se prépare pour toutes les échéances pour être maître du temps électoral.
Source/Le Nouvelliste
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