PORT-AU-PRINCE – Pourvu que ça aide à trouver un apaisement politique dans la crise qui secoue le pays, le Premier ministre se dit prêt à remanier son gouvernement. Toutefois, pour la classe politique, notamment les opposants au pouvoir, un nouveau gouvernement, encore moins un remaniement ministériel ne changeront la situation…
ans budget depuis son investiture le 17 septembre dernier, difficile pour le gouvernement Céant d’imposer sa marque. Les deux premières grandes décisions du Premier ministre, à savoir la création d’une task force pour faire baisser les prix des produits de première nécessité sur le marché et la formation d’une commission de vérité pour faire la lumière sur l’utilisation du fonds PetroCaribe, battent de l’aile. La situation socioéconomique du pays ne s’améliore pas. Pire, les perspectives ne sont pas rassurantes.
C’est dans ce contexte que le chef du gouvernement, en visitant jeudi les membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), a déclaré : « Aucun sacrifice n’est au-dessus de l’amour qu’on a pour le pays. Si c’est le remaniement qui peut aider à trouver un apaisement, pourquoi pas ? » Jean-Henry Céant a précisé que le président de la République est aussi de cet avis.
Le chef de la Primature a toutefois nuancé ses propos en précisant que le remaniement de son gouvernement dépendra du dialogue engagé avec toutes les couches de la société. Le notaire veut dialoguer même avec ceux qui ne veulent pas dialoguer.
Pour la plupart des partis politiques, qu’il s’agisse de ceux qui sont proches du pouvoir, ceux qui sont dans l’opposition modérée ou les farouches opposants du pouvoir qui exigent le départ du chef de l’État, un remaniement du gouvernement ne va rien changer à la situation actuelle du pays.
Il faut souligner que c’est le président de l’APH, le bloc majoritaire à la Chambre des députés, en début de semaine, qui avait exigé un « remaniement en profondeur du gouvernement ». Le député Jean Wilson Hyppolite, réputé proche du palais national, avait menacé de se désolidariser avec le pouvoir si la demande de son clan n’est pas satisfaite dans le plus bref délai.
Ajouté à cela l’aile dure de l’opposition politique qui annonce la couleur pour le 18 novembre. Elle compte gagner les rues à travers le pays comme le 17 octobre dernier. Mais cette fois, les opposants au pouvoir en place affirment que les manifestations ne seront pas pacifiques. Ils comptent rester dans les rues jusqu’au départ du chef de l’État.
À ce niveau, le Premier ministre croit savoir que tous les Haïtiens ont besoin d’un pays où ils peuvent vivre en paix. Pour lui, c’est une bonne chose que la population gagne les rues pour exprimer ses revendications, mais les manifestations doivent être « pacifiques », a exhorté le notaire. « La police doit prendre les dispositions pour éviter tout débordement et ne répondre à aucune provocation », a avancé le président du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN).
« Nous sommes en train de dialoguer avec tout le monde, de prendre les mesures sociales, politiques et d’apaisement pour ne pas tomber dans le chaos. Aucun individu sérieux ne tirera un réel profit du chaos… Les problèmes du pays doivent se résoudre dans le dialogue permanent entre les Haïtiens… », a prêché Jean-Henry Céant.
Dans un communiqué la semaine dernière, le Core Group avait appelé les trois branches du pouvoir ainsi que tous les autres acteurs de la vie nationale à un dialogue inclusif afin, entre autres, de renforcer les institutions nationales en charge de la reddition de comptes et de la lutte contre la corruption, notamment le système judiciaire ; d’adopter un budget pour l’année fiscale 2018-2019 fondé sur des prévisions réalistes et prenant en compte les demandes exprimées par la population pour un meilleur accès aux services sociaux de base ; d’élaborer un calendrier électoral qui permette la tenue d’élections crédibles, libres et transparentes en octobre 2019 et garantisse la stabilité des institutions.
Le Core Group est composé de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne et du représentant spécial de l’Organisation des États américains (OEA).
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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