WASHINGTON DC – Répondant aux demandes de Donald Trump, l’armée américaine a annoncé lundi l’envoi de plus de 5000 militaires à la frontière mexicaine pour bloquer l’entrée sur le territoire d’une caravane de migrants centraméricains fuyant la violence et la misère dans leurs pays.
«D’ici à la fin de la semaine, nous allons déployer plus de 5200 soldats à la frontière sud-ouest» qui s’ajouteront aux quelque 2100 membres de la Garde nationale déjà mobilisés, a affirmé lors d’une conférence de presse le général Terrence O’Shaughnessy.
«C’est seulement le début de cette opération», a ajouté le commandant de la zone militaire nord-américaine, en confirmant un chiffre bien plus élevé que les 800 évoqués la semaine dernière.
Cette opération, baptisée «Patriote fidèle», doit permettre de renforcer les postes-frontière du Texas à la Californie et apporter un soutien logistique aux agents du service des douanes et de la protection des frontières (CBP) sur d’autres zones moins bien protégées.
«La sécurité aux frontières est une affaire de sécurité nationale et l’armée américaine va améliorer les capacités du CBP à renforcer la frontière», a assuré le général O’Shaughnessy.
«Nous ne permettrons pas à un large groupe d’entrer aux États-Unis d’une façon dangereuse et illégale», a pour sa part assuré Kevin McAleenan, le patron du CPB.
«En ce moment, des dizaines de milliers de migrants entre les frontières du Guatemala et des États-Unis font mouvement vers nous», a-t-il dit, estimant la taille des deux principaux groupes à 3500 et 3000 personnes.
Le président américain a répété ces dernières semaines que des troupes supplémentaires étaient nécessaires à la frontière américano-mexicaine, se servant de cette caravane pour défendre sa politique anti-immigration dans la perspective des élections législatives du 6 novembre, qui pourraient être favorables à ses opposants démocrates.
«De nombreux membres de gangs et de très mauvaises personnes se sont mélangés à la caravane qui se dirige vers notre frontière sud», a tweeté le président américain lundi matin, réitérant des affirmations non étayées déjà tenues la semaine dernière.
Une «invasion»
«S’il vous plaît, faites demi-tour, vous ne serez pas autorisés à entrer aux États-Unis, à moins de suivre la procédure légale», a-t-il ajouté.
«C’est une invasion de notre pays et notre armée vous attend», a prévenu le milliardaire républicain qui devrait tenir onze rassemblements de campagne d’ici le scrutin, selon une source ayant connaissance des projets du président.
En avril, face à la progression d’une autre caravane de migrants, il avait ordonné l’envoi d’un maximum de 4000 membres de la Garde nationale. Environ 2100 ont été déployés.
L’ACLU, la puissante organisation de défense des libertés civiques, a dénoncé la volonté de M. Trump de «forcer l’armée à promouvoir son programme anti-immigration et de division».
«L’envoi de forces militaires à la frontière Sud-Est un énorme gaspillage de l’argent des contribuables et une action qui va terroriser et militariser les communautés vivant à la frontière», a affirmé, Shaw Drake, conseiller de l’ACLU à El Paso (Texas).
Les autorités mexicaines ont indiqué avoir reçu 1.743 demandes d’asile depuis l’entrée de la caravane de 7.000 personnes, pour la plupart honduriennes, sur le sol mexicain. Elle a pris le départ du Honduras le 13 octobre.
Ces milliers de personnes ont fait une pause dimanche à Tapanatepec, dans l’État d’Oaxaca, et sont repartis lundi matin en direction de Mexico pour ensuite rejoindre la frontière.
Selon l’ONG Pueblos Sin Fronteras, qui voyage avec les migrants, la caravane ne comptait plus dimanche que 4000 personnes, certaines ayant décidé de s’arrêter en route ou ayant préféré retourner en Amérique centrale.
Plus au Sud, sur le pont frontalier, les autorités mexicaines ont bloqué l’entrée de milliers de Honduriens depuis le Guatemala.
Le Mexique a déployé des policiers antiémeutes et la Marine empêche les migrants de traverser le fleuve Suchiate comme l’avaient fait ceux de la caravane en route vers les États-Unis.
Dimanche, un Hondurien est décédé après avoir été touché par un projectile, alors que les migrants tentaient de forcer le passage.
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Source/Le Quotidien
Photo/Archives
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