Haiti

Haïti: Support de Taïwan, Turquie et l’Inde pour de l’électricité

PORT-AU-PRINCE – Le Premier ministre Joseph Jouthe a pris en main les négociations avec la Fédération des syndicats de l’entreprise Électricité d’Haïti (ED’H). Le chef de gouvernement est optimiste, en se mettant au courant, pour tourner la page du black-out effroyable imposé à la population. « Je pense que ça va dans la bonne direction », a fait savoir Joseph Jouthe, sans gommer l’existence des réticences des syndiqués, vent debout contre la nomination de Michel Présumé depuis le 7 juillet dernier au poste de directeur général. « Il y a encore des réticences », a-t-il concédé, soulignant qu’il essaie de les « dissiper ».

Joseph Jouthe, qui enfile l’uniforme du « good cop » et adopte une rhétorique plus conciliante que le ministre des Travaux publics, Transports et Communications, Nader Joiséus, en charge du secteur de l’énergie, est cependant ferme sur un point : « Pas question de changer Michel Présumé ». « Nous sommes prêt à négocier avec les syndicalistes sur d’autres choses mais pas sur le changement de directeur général », a précisé le chef du gouvernement. «Il n’en est pas question pour le moment », a-t-il poursuivi, sans dire si cette fenêtre est complètement fermée ou simplement entrebâillée.

Le chef du gouvernement caresse dans le sens du poil aussi le syndicat. « Le syndicat dispose de beaucoup de gens formés et expérimentés. Ils sont sous-utilisés. Nous continuons de discuter avec eux jusqu’à ce qu’on trouve un modus operandi pour une meilleure gestion de la compagnie », a soutenu Joseph Jouthe qui tombe dans les bras des Turcs pour arracher la capitale des griffes du black-out devenu épouvantable à cause des pannes de deux des trois turbines de Péligre, des moteurs de plusieurs centrales thermiques et de la grève des employés, devenus plus hostiles au ministre des Travaux publics, Transports et Communications (TPTC) après la prise de contrôle du bureau central de l’ED’H par la police.

« Nous sommes dans de très bonnes négociations avec les Turcs qui vont venir avec deux barges pour alimenter le pays en énergie électrique », a confié le Premier ministre Joseph Jouthe. Les barges doivent arriver au pays dans un mois ou un mois et demi, a-t-il indiqué, citant des informations obtenues de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’énergie (ANARSE). N’était la crise à l’ED’H, les barges, l’une d’une puissance de 79 mégawatts et l’autre de 36 mégawatts, seraient déjà arrivées respectivement à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien.

Le Premier ministre Jouthe a soutenu que le gouvernement cherche un kilowatt/heure à meilleur marché. L’introduction du gaz naturel et du solaire entre dans cette perspective, a souligné le chef du gouvernement, qui a évoqué les voies et moyens, l’argent pour financer tout ça. La récupération par l’APN d’environ 45 millions de dollars de frais de wharfage des containers doit financer l’ED’H. Il y a aussi les 150 millions de Taïwan déjà obtenus et des discussions en cours avec l’Inde autour de 150 millions de dollars dont une partie concerne l’électricité, a confié Jouthe. « Il y a probablement d’autres sources de financement », a-t-il avancé, sans rentrer dans les détails, parce qu’il n’a pas encore des certitudes.

Cependant le PM a des certitudes sur ce que le gouvernement va faire face à l’incapacité de l’ED’H à commercialiser le courant vendu. L’ANARSE et l’ED’H ont été instruits « de chercher un opérateur privé pour s’occuper de la commercialisation », a indiqué Jouthe. « Je ne vois pas comment l’Ed’H, dans son état actuel, peut faire la commercialisation ou la facturation. L’ED’H ne peut pas vraiment pas gérer ça », a indiqué le Premier ministre. Des compteurs intelligents ont été commandés, a ajouté Joseph Jouthe, qui a évoqué des expériences de pays de la région comme la Jamaïque où les opérations de production, de transports, de commercialisation sont effectuées par des entités différentes.

Le Premier ministre Joseph Jouthe, qui se met au courant, a évoqué son expérience personnelle avec l’ED’H qui ne lui a ni envoyé de factures ni lu son compteur depuis deux ans. « En bon citoyen, pour ne pas être en contravention avec la loi, je me rends à l’ED’H payer le prix habituel, même si je ne reçois pas de courant », a témoigné Joseph Jouthe qui prend à bras-le-corps le dossier de courant électrique, la plus grande promesse et aujourd’hui l’échec emblématique du président Jovenel Moïse.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com

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