PORT-AU-PRINCE – Des secteurs politiques expriment leur scepticisme quant à l’application de l’accord du 6 février par le nouveau gouvernement, dans des interviews accordées à AlterPresse.
Le coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), Sauveur Pierre Etienne souhaite le respect des dates butoirs contenues dans l’accord du 6 février qui prévoit l’organisation des élections, le 24 avril et la prise de fonction d’un président démocratiquement élu le 14 mai 2016.
« On s’attend à ce que le gouvernement s’adresse à la Nation pour dire comment il va respecter les échéances parce qu’il a déjà pris du retard », lance Étienne, qui rejette le renvoi du parlement et l’annulation de la présidentielle controversée de 2015.
L’accord en question a été signé au palais présidentiel à quelques heures de la fin du mandat du président Michel Martelly, entre le président sortant et les présidents des deux branches du parlement, respectivement, Jocelerme Privert du sénat, actuellement président provisoire, et Cholzer Chancy de la chambre des députés.
« L’accord du 6 février 2016 n’est plus applicable. Il faut la négociation autour d’un nouvel accord politique en vue de redéfinir la transition et sa durée », estime le dirigeant de la plateforme politique Jistis, Me. Michel André.
La mobilisation doit se poursuivre en vue de forcer le nouveau gouvernement à aller dans le sens des revendications populaires, encourage-t-il.
Il appelle aussi le nouveau gouvernement à mettre sur pied une commission d’évaluation électorale pour faire la lumière sur les élections controversées des 9 août et 25 octobre 2015 ainsi qu’une commission d’enquête administrative indépendante pour effectuer un audit sur la gestion publique de l’ancien président Michel Martelly.
« Des parades parlementaires et un président provisoire indécis »
Ce pouvoir ne peut pas résoudre cette crise politique qui est avant tout électorale, avertit Rosnel Jean Baptiste, coordonnateur de l’organisation Tèt Kole ti peyizan ayisyen.
Le gouvernement pourra encore moins travailler dans l’intérêt des masses populaires, s’inquiète-t-il.
Le problème du pays ne se résoudra pas avec des parades parlementaires et un président provisoire indécis, soutient Nixon Boumba, membre de la coordination du Mouvement démocratique populaire (Modep).
L’installation du premier ministre Enex Jean-Charles « démontre clairement qu’on veut mener le pays droit au chaos et dilapider les ressources et richesses du pays », dénonce Nixon Boumba.
Pour lui, l’accord du 6 février 2016 n’engage pas la population haïtienne puisqu’il a été signé avec Michel Martelly, un président déchu et des parlementaires qui souffrent d’un déficit de légitimité, critique le Modep.
Composé de 18 ministères, le nouveau cabinet ministériel, qui comporte seulement 3 femmes, a été installé dans la matinée du lundi 28 mars 2016, au palais national, par Privert, en présence du premier ministre sortant Evans Paul.
Source/Alter Presse
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