PORT-AU-PRINCE – Un an après le lancement de la Caravane du changement par le président haïtien Jovenel Moïse, qu’en est-il de ses réalisations concrètes dans le pays ? Structuré autour de sept axes de développement*, ce dispositif itinérant ambitionne de développer et désenclaver le pays à travers la réhabilitation de ses infrastructures et la modernisation du secteur agricole.
Après la déclaration d’intention, l’heure est au bilan. Si certaines réserves ont pu être émises sur le dispositif de la Caravane du changement, pièce maîtresse du programme présidentiel, force est de constater que ses premiers résultats sont bel et bien là. Son principe ? Sillonner le pays pendant cinq ans pour l’aider à sortir de sa misère chronique en concrétisant les engagements de campagne du Président via la dynamisation des instances de décisions, la mutualisation des ressources publiques et la facilitation de prêts aux mairies pour l’acquisition d’engins lourds, notamment. Afin de valoriser les secteurs porteurs de l’économie nationale et aider les régions à se relever suite aux catastrophes climatiques à répétition qui ont frappé le pays, ce dispositif s’est d’abord focalisée sur les campagnes les plus reculées, en concentrant ses efforts sur la construction et la réhabilitation de routes et d’infrastructures agricoles.
Curage de canaux et réhabilitation de routes
Son coup d’envoi a été donné le 1er mai 2017 dans le département de l’Artibonite, zone à fort potentiel agricole. A l’issue de ses différentes étapes, la Caravane du changement a d’ores et déjà permis le curage de 400 km de canaux irrigués dans l’Artibonite, la réhabilitation de plus de 300 km de routes agricoles pour améliorer les conditions de circulation dans ce département ainsi que dans le Grand Sud, la réalisation d’opérations d’assainissement au niveau de bassins versants des zones ciblées et la construction de berges le long de la Ravine du Sud. Citons aussi l’endiguement de onze rivières dans le Sud, les Nippes, l’Ouest et le Centre, la réhabilitation de 66 systèmes d’adduction d’eau potable réhabilités dans le Sud.
Son action ne s’est pas limitée aux infrastructures agricoles : 750 tonnes de semences de riz ont été distribuées dans l’Artibonite et le Sud. Dans le département de l’Ouest, où la Caravane a fait escale le 7 février dernier, l’assainissement de Port-au-Prince et des communes avoisinantes était l’objectif prioritaire.
Gestion de l’eau et électrification
Parce que 70 % des foyers haïtiens ne sont pas raccordés au réseau, l’électricité pour tous a été l’une des principales promesses de campagne de Jovenel Moïse. Dans cette optique, l’Autorité nationale de régulation du secteur énergie a été mise en place et la construction d’un réseau électrique national, amorcée. Une centrale mixte (système intégré solaire, éolien, stockage et diesel) est ainsi en construction aux Irois, à l’extrémité sud-ouest d’Haïti. Afin de favoriser l’électrification du pays, un appel international de manifestation d’intérêt a été lancé fin 2017 pour la production et la commercialisation de l’électricité. La construction d’une douzaine de barrages-réservoirs pour l’irrigation des terres en période sèche (novembre-mai) contribuera aussi à la production d’électricité, gage du développement de l’industrie agroalimentaire et de la bonne conservation des ressources agricoles.
Limiter les impacts du changement climatique
C’est un paradoxe : Haïti est l’une des principales victimes des conséquences du changement climatique alors que son empreinte en gaz à effet de serre est pratiquement nulle. Au-delà du séisme dévastateur du 12 janvier 2010, ce qui frappe dans les catastrophes dont le pays est victime ces dernières années, c’est sa vulnérabilité au changement climatique, comme l’ont douloureusement illustré les cyclones Matthew en 2016 puis Irma en 2017. Afin de juguler les effets de ces drames à répétition, la Caravane du changement a permis la mise en place de 6 des 14 centres de propagation végétale qui permettront d’atténuer la violence des ouragans. Par ailleurs, afin de contrer les effets de la déforestation, 14 méga-pépinières ont été mises en place pour un total de 63 millions d’arbres à planter par an, en mobilisant prioritairement les écoliers afin de sensibiliser les jeunes générations à l’environnement.
Prometteur sur les volets agricoles et environnementaux, ce premier bilan reste à consolider, et les modalités d’entretien des canaux, pistes rurales et machines agricoles après 2022, à préciser.
* réforme de l’Etat, investissements étrangers, production agricole et environnement, construction d’infrastructures énergétiques, routières et portuaires, renforcement des infrastructures hydrauliques et sanitaires, amélioration des infrastructures et de la qualité de l’éducation, projets sociaux pour promouvoir la stabilité.
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Source/Médiapart
Photo/Archives
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