PORT-AU-PRINCE – « Le régime politique est-il une entrave au progrès d’Haïti » ? C’est le thème d’une conférence -débat qui a attiré la grande foule ce 8 Mai 2019 à l’auditorium de la faculté de médecine plein à craquer dès 11 heures du matin. L’assistance était plutôt composée des étudiants des différentes facultés de l’Université d’Etat d’Haïti et d’autres établissements privés de la capitale. Le Député Jerry Tardieu et l’ex sénatrice Myrlande Manigat ont fait valoir que la constitution n’a jamais été d’application institutionnelle pertinente en tant que document de référence de l’organisation de l’État.
Cependant, les deux intervenants s’accordent à penser que le régime politique est un frein au progrès de notre pays. Ils estiment que la loi-mère comporte des failles, carences et anomalies. Selon eux, Il en résulte un dysfonctionnement des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le député Tardieu qui est président d’une commission parlementaire travaillant sur une proposition d’amendement, critique le régime politique actuel qu’il qualifie d’hybride puisqu’il est un mélange d’un régime monarchique constitutionnel et d’un régime républicain. Le représentant de Pétion-ville à la cinquantième législature voit le montage institutionnel relatif à l’Exécutif comme un mélange du régime monarchique constitutionnel du Royaume-Uni et des pays du Commonwealth d’un côté, du régime républicain de l’autre.
Comme le monarque, le Président de la République d’Haïti n’a aucun pouvoir gouvernemental. Son rôle est réduit à la représentation symbolique. Quant à elle, l’ancienne sénatrice et professeur des universités, Myrlande Manigat a repris plusieurs des thèses déjà développées dans son ouvrage « Les amendements dans l’histoire constitutionnelle d’Haït ». A l’instar du député Tardieu, elle pense que Le régime politique doit changer car l’Exécutif bicéphale reste un facteur de la crise gouvernementale chronique que connaît le pays. Les deux panélistes déplorent qu’un peuple vote un Président de la République de qui il attend des résultats mais ce Président de la République n’a aucun moyen d’influer sur les politiques publiques qui lui échappent totalement. La constitution en fait un mineur.
Si les deux intervenants sont d’accords sur la nécessité d’un changement de régime politique, ils ont exprimé leurs divergences sur bien des points. Ces divergences ont fait l’objet de débats et l’assistance a participé pleinement. Une grande énergie s’est dégagée des questions et des échanges avec les panélistes. Cette conférence témoigne certainement d’un regain d’intérêt de la jeunesse pour la question politique et sur l’avenir d’Haïti. Dieu soit loué !
Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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