PORT-AU-PRINCE – L’exportation de mangues représente 17 millions de dollars américains. Les usines haïtiennes exportent entre 2 millions et 2,5 millions de caisses de mangues vers les États-Unis, le Canada et l’Europe. Ce depuis 15 à 20 ans, a confié au journal l’agronome Ena Menager Derenoncourt lors d’une visite de la ferme OCEDI, 9,21 hectares, 6 977 manguiers, située à la 2e section communale de Thomonde, fin mars 2018.
La place forte de la mangue en Haïti est dans l’Artibonite, à Gros-Morne. Elle représente la moitié de l’exportation de la mangue, soit 1 million de caisses environ. « Ce n’est pas une petite affaire », a enfoncé l’agronome qui détaille sur le bout des doigts les différentes chaînes de la filière.
Du propriétaire à celui qui s’occupe de la cueillette, du lavage, du séchage, de la mise en boîte, à la manutention et au transport, tout le monde y trouve son compte. « Il y a au moins un million de dollars d’entrée à Gros-Morne », a tablé l’agronome Derenoncourt, fin connaisseur du secteur.
Pour elle, issue d’une famille d’agronomes, la mangue « est une culture stratégique pour le pays ». Il n’y a pas que Gros-Morne. La mangue, cultivée dans 7 départements du pays, fait vivre 200 habitants par kilomètre carré qui dépendent de cette culture. Au décompte, en dehors de l’usine et pour les mangues exportées, l’agronome Derenoncourt jongle avec les chiffres, avec l’assurance d’un économiste. En dehors de l’usine, la douzaine coûte entre 15 à 20 gourdes. Sur 1000 douzaines, 600 sont exportées et les 400 restants sont revendus à 1/3 ou ¼ du prix d’achat. Ce rejet est très important parce que les usines paient le transport des mangues vers Port-au-Prince et ce coût n’est pas couvert dans le prix de vente, explique-t-elle.
Les usines, poursuit l’agronome EMD, subventionnent le transport des mangues vers le principal marché du rejet. Cette catégorie n’est jamais suffisante. La demande est toujours importante. Les Haïtiens se nourrissent de cette mangue quotidiennement lors des saisons de récolte. La mangue empêche les Haïtiens de mourir de faim. « C’est pour cela que c’est une culture stratégique », martèle une nouvelle fois l’agronome qui a un cahier des charges et de revendications long comme le bras pour dynamiser la filière. « Il faut d’abord la sécurité foncière. C’est la principale contrainte.
Certaines fois, on n’est pas assuré de pouvoir récolter les mangues à cause de ce phénomène. Il y a des conflits terriens qui surgissent à tout moment. Comment concevoir que quelqu’un qui a planté 10 000 manguiers ne sait pas en mesure de récolter ses mangues parce que quelques années plus tard quelqu’un brandit son titre de propriété ? Cela arrive assez souvent dans cette filière. On n’a aucun recours. On n’est pas assuré de pouvoir exploiter une propriété qu’on a achetée. On est encore à Thomonde parce qu’il y a moins de pression dans le Centre qu’à l’Artibonite », explique longuement l’agronome Derenoncourt, qui aborde le volet financier des besoins du secteur. « Pour la mangue, il y a des fonds disponibles.
Cependant, il faudrait baisser le taux d’intérêt pour le secteur agricole. Actuellement, il varie entre 3,5% et 11,5 %, en fonction du montant par mois sur 6 mois, car il s’agit d’une culture saisonnière.» « Ce secteur a beaucoup d’avenir. Mais l’État haïtien doit prendre des décisions stratégiques. C’est la première culture d’exportation en Haïti, pour ne pas dire l’unique », insiste l’agronome Ena Ménager Derenoncourt.
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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