PORT-AU-PRINCE – Vendredi une importante rencontre à la Banque de la République d’Haïti (BRH) a réuni les Présidents des deux Chambres du Parlement, des membres de l’Exécutif, les responsables des institutions bancaires en Haïti, l’État-major de la Police Nationale et les leaders économiques du secteurs des affaires, pour évaluer les risques encourus par l’économie haïtienne suite à la décision des autorités américaines de prendre des mesures sur tous les transferts d’argent entre les deux pays si un ensemble de mesures concrètes, ne sont pas mises en place d’ici novembre prochain concernant la lutte contre le blanchiment d’argent.
Rappelons que cette décision fait suite à une déclaration officielle du Groupe d’Action Financière de la Caraïbe (GAFIC), à Montigo Bay, en juin dernier, qui soulignait les déficiences du dispositif anti-blanchiment haïtien et invitait le pays à prendre des mesures correctrices. Déclaration qui s’appuyait sur les conclusions d’une mission d’évaluation du GAFIC en Haïti, qui avait constaté que le système financier haïtien se trouvait dans une situation très grave, notamment dans les échanges avec les banques correspondantes aux États-Unis.
Depuis, les autorités bancaires, financières et du secteur des affaires en Haïti, craignent que la faiblesse des mesures de lutte anti-blanchiment en Haïti, ne provoque un isolement financier du pays au niveau international, si le GAFIC relayé par le Groupe d’Action Financière internationale (GAFI) demandait à tous les pays de prendre des mesures de vigilance contre Haïti.
Selon le Gouverneur de la BRH si Haïti ne met pas en place d’ici novembre un dispositif adéquat conforme aux normes internationales du GAFI, aux conventions internationales ratifiées par Haïti et n’adapte pas les mécanismes légaux (code, processus, outils législatifs) de prévention, de détection et de répression du blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, cela pourrait avoir de très graves conséquences vu la dépendance d’Haïti avec les grandes banques américaines.
Il a souligné que si les banques américaines intermédiaires, cessaient leurs relations avec les banques et institutions financières haïtiennes, c’est plus de 75% des transferts reçus et des transferts vers l’étranger qui seront affectés. Par ailleurs, les effets se ferait également sentir dans d’autres types de transactions financières internationales (lettre de crédits , garantie, lignes de crédit etc…), le transfert d’argent coûtera beaucoup plus cher et les banques haïtiennes, qui ont des dépôts à l’étranger, pourraient avoir à payer des amendes sur leur compte. Ceci aura une forte incidence sur les coûts des transactions et se répercutera sur les prix locaux avec des conséquences négatives sur la population et la stabilité politique et économique. Face à ces risques, le Gouverneur de la BRH a encouragé tous les acteurs concernés à prendre les mesures nécessaires pour éviter à Haïti d’être mis en quarantaine par les institutions financières internationales.
Jean Baden Dubois, tout en rappelant l’importance des mesures législatives prises dans les années antérieures, a souligné qu’elles sont insuffisantes et doivent être amendées en regard de l’évolution des moyens de plus en plus sophistiqués utilisés par les fraudeurs.
À l’issue de cette conférence, tous les participants le visage inquiet, ont affirmé avoir saisie l’ampleur de la menace qui pèse sur l’économie haïtienne et reconnu que l’heure était grave et promis d’agir chacun dans son secteur respectif. Un énorme défi puisque il va falloir faire en quelques semaines ce qui n’a pas été fait ces dernières années… Pour Gregory Brandt, Président du Forum économique, il n’y a pas une seconde à perdre, quant au Ministre de la justice il affirme que le Gouvernement travaille déjà au renforcement des mesures.
Rappelons que c’est la deuxième fois en moins de 4 ans qu’Haïti est sous la pression de menace financière, la dernière fois c’était pour la ratification de la loi sanctionnant la fraude transnationale [blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme], déposée par le Ministère de la justice en juillet 2012, qui finalement a été voté par le Sénat le 28 février 2013 et par la Chambre des députés le 9 septembre 2013. Haïti ayant évité d’être classé comme un pays non coopératif grâce à un moratoire et une succession de prolongation de délai…
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Source/Haiti Libre
Photo/Archives
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